Les Fidji en marche vers la démocratie
Cette ancienne colonie britannique dans le Pacifique sud, indépendante depuis 1970 et comptant quelque 900.000 habitants, a vécu, au cours de ces vingt-cinq dernières années, une situation chaotique alimentée par les tensions entre majorité indigène (51%), de souche mélanésienne, les Mélano-fidjiens et une forte minorité (38%) d’origine indienne, les Indo-fidjiens. Ces derniers sont les descendants de travailleurs indiens, main-d'œuvre importée au 19e siècle par les colons britanniques pour l'exploitation de la canne à sucre et installés depuis aux Fidji.
imineo, le 1 oct. 2010
Le coup d’Etat du 5 décembre 2006
L'actuel Premier ministre Voreqe Bainimarama, ancien chef de l’armée et actuel homme fort du régime, a renversé, sans effusion de sang, le gouvernement élu en décembre 2006, avant d’abroger la Constitution en avril 2009. Il a également imposé l'interdiction de réunions publiques, la restriction de la liberté de la presse, la censure des médias et le renforcement de la présence des militaires dans les structures du pouvoir.
Son refus de tenir des élections en 2009 et le durcissement du régime avec ces mesures d’exception à conduit la même année à la suspension des Fidji du Commonwealth et du Forum des îles du Pacifique, la principale organisation régionale du Pacifique sud.
Situation économique stable
Le pays doté de forêts, riche en minerais et en réserves halieutiques, possède l’une des économies les plus développées de la région. Celle-ci repose essentiellement sur le tourisme, avec environ 520.000 touristes par an, l’industrie sucrière qui assure 10% du PNB, la pêche et un secteur minier en forte expansion.
Le coup d’Etat de 2006 puis le refus du régime militaire d'organiser des élections en 2009 ont durablement envenimé les relations des Fidji avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ses principaux partenaires dans cette zone du Pacifique sud.
Mais après une période de récession en 2009 et 2010, le pays a retrouvé en 2011 une croissance positive (estimé à 1,3%). Au prix d’un effort national d’austérité et de rigueur sociale, le redressement économique semble se confirmer. Le retour à la stabilité politique, le bon contrôle du budget et l’ouverture du régime, inspirent de nouveau confiance.
Levée de l’état d’urgence et dialogue politique
Dans son message du Nouvel an 2012, Voreqe Bainimarama a annoncé la levée des mesures d'urgence, afin de préparer des consultations sur une nouvelle Constitution.
Le nouveau texte devra établir un gouvernement basé «sur un système réellement démocratique avec le principe d'une personne/une voix, dotée de la même valeur. Nous n'aurons pas un système qui classe les Fidjiens selon leur origine ethnique», a-t-il prévenu.
Le Grand conseil des chefs, institution vieille de 137 ans où siègent les dignitaires coutumiers, qualifié de vestige de l'époque coloniale par le Premier ministre, a été aboli. Il n'a plus sa place dans un pays qui veut instaurer une nouvelle Constitution et balayer les divisions du passé. «Nous devons regarder ce qui nous rassemble en tant que citoyens d'une même nation, et non ce qui nous sépare», a déclaré M. Bainimarama.
Reprise des relations diplomatiques
L'Australie et la Nouvelle-Zélande, principaux bailleurs de fonds de cet archipel du Pacifique sud, jugent «encourageants et irréversibles» les progrès en matière de réformes démocratiques.
A la suite d’une réunion à Sydney, en Australie, le 30 juillet 2012, Canberra et Wellington se sont mis d’accord avec les Fidji pour rétablir leurs relations diplomatiques suspendues depuis 2009 avec Suva.
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