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Les Rohingyas de Birmanie, une ethnie opprimée
Publié le 19/06/2012 15:31
Mis à jour le 16/04/2014 09:50
Temps de lecture : 1min
Début juin ont éclaté des conflits intercommunautaires entre l’ethnie bouddhiste Rakhine et l’ethnie musulmane Rohingya dans l’Etat Rakhine, au nord-ouest de la Birmanie. Des milliers de maisons appartenant aux deux communautés ont été incendiées. Ces violences ont fait une cinquantaine de morts.
Le 28 mai 2012, le viol et le meurtre d'une jeune bouddhiste, attribués à des Rohingyas, seraient à l'origine de ces affrontements. Deux hommes sont condamnés à mort le 19 juin. Le troisième accusé se suicide en prison.
Ces violences ont remis au cœur de l’actualité le sort des 750.000 Rohingyas , considérés comme apatrides par les autorités de Rangoun , qui les traitent comme des migrants illégaux venus du Bangladesh.
Les Rohingyas, l’une des minorités les plus persécutées au monde selon l’ONU, réclament depuis des années les mêmes droits que les autres groupes ethniques du pays, ce que refuse le gouvernement birman.
Ce propos est illustré par treize photos, datées du 9 au 15 juin 2012.
devant sa maison, après les combats qui ont éclaté le 8 juin dans l'Etat Rakhine, puis se sont propagés à Sittwe.
Les Rohingyas arrivent au XIIe siècle dans l’Arakan (appelé aujourd’hui Rakhine), au nord-ouest de la Birmanie. Ils sont les premiers musulmans à s’installer dans le pays. Ils ressemblent physiquement aux Bengalis, leurs voisins du Bangladesh.
Ils partagent une langue, une culture et une religion commune, l’islam. Sur les deux millions de Rohingyas recensés dans le monde, 750.000 vivent en Birmanie. (REUTERS/Soe Zeya Tun)
devant un village incendié près de Sittwe.
De 1824 à 1826, lors de la première guerre entre l’empire britannique et la Birmanie, les Rohingyas sont supplétifs dans l’armée britannique et considérés comme des traitres par les indépendantistes birmans.
Après la Seconde guerre mondiale, ils soutiennent de nouveau les Anglais face aux Birmans, qui ne leur pardonneront jamais. En 1948, la Birmanie retrouve son indépendance et les Rohingyas sont alors rejetés et persécutés. (REUTERS/Reuters Staff)
protègent des pompiers qui luttent contre un incendie.
En 1978, 200.000 Rohingyas fuient la junte birmane pro-bouddhiste en émigrant en masse vers le Bangladesh. Les militaires, sous le prétexte de lutter contre l’immigration clandestine, commettent viols, arrestations et exécutions.
Les villages et les mosquées sont pillés et incendiés. L’année suivante, beaucoup de ceux qui avaient fui sont rapatriés par le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR). (REUTERS/Soe Zeya Tun)
aident les pompiers à éteindre le feu mis à leurs maisons.
En 1982, une loi promue par le dictateur Ne Win leur impose de prouver leur présence sur le territoire avant 1823 pour leur permettre d’obtenir la nationalité birmane, une démarche quasi impossible à accomplir.
Sans carte d’identité et, donc, sans nationalité, ils deviennent des non-citoyens, un peuple apatride. (REUTERS/Reuters Staff)
En 1991, des attaques d’une extrême violence menées par l’armée birmane obligent 250.000 Rohingyas à se réfugier une fois encore au Bangladesh… qui les refoule. Ils se heurtent à un mur de barbelés érigé en Birmanie pour empêcher leur retour. (AFP)
de leurs villages où les maisons ont été brulées.
Sur les 300.000 à 350.000 Rohingyas qui vivent au Bangladesh, environ 29.000 habitent les camps de Kutupalong et Nayapara, régis par le HCR, dans la région de Cox’s Bazar.
Outre le fait que ces deux camps sont bien équipés (maisons, écoles et système d’égouts), leurs habitants bénéficient du statut de réfugiés. (AFP)
dans les décombres d’une maison incendiée à Sittwe.
Dans un autre camp, surnommé le «Kutupalong improvisé», s’entassent 20.000 refugiés qui espèrent pouvoir bénéficier des mêmes avantages qu’à Kutupalong et Nayapara.
Mais comme les autres Rohingyas du Bangladesh, ils n’ont aucun statut juridique et sont en proie à l’insécurité, à la peur, aux agressions et aux viols. (AFP)
de femmes et d’enfants Rohingyas.
Depuis 2010, le Bangladesh, qui n’a pas signé la convention de 1951 sur les réfugiés, refuse d’en accueillir d’autres pour éviter une arrivée massive de Rohingyas. (REUTERS/Andrew Biraj)
qui sépare la Birmanie du Bangladesh.
La population de ce pays surpeuplé et très pauvre les accuse de prendre les emplois, les soupçonne de commettre des vols et de participer à des trafics de drogues.
Pour de nombreux Bengalis, ils bénéficient injustement des aides gratuites des ONG, alors que beaucoup d’entre eux souffrent de malnutrition. (AFP)
à Teknaf, au Bangladesh.
En 2006, un programme mis en place par l’Office international des migrations (OIM) a permis à près d’un millier de Rohingyas de s’installer au Royaume-Uni, au Canada ou encore en Australie. Une mesure très exceptionnelle.
En 2009, un autre millier, qui avait essayé de trouver refuge en Thaïlande, a été rejeté à la mer par l’armée. La moitié a péri noyée. (REUTERS/Andrew Biraj)
nettoie les rues de Sittwe.
En Birmanie, les Rohingyas se retrouvent souvent à faire des travaux forcés. Ils ne peuvent pas se marier et ont un nombre d’enfants limité. Ils n’ont pas le droit de se déplacer librement à l’intérieur du pays et leurs terres sont confisquées.
Que ce soit pour tuer une vache, pour couper un arbre ou pour déclarer une naissance, ils doivent payer une taxe à l’Etat. (REUTERS/Soe Zeya Tun)
La résolution de ce conflit représente un vrai défi à relever pour le gouvernement de Thein Sein, qui s’est engagé dans un processus démocratique.
Mais des membres de l’opposition birmane, menée par Aung San Suu Kyi, le soupçonnent de vouloir attiser les tensions pour le diviser. En visite en Europe, le prix Nobel de la Paix a déclaré le 14 juin à Genève : «Sans Etat de droit, un tel conflit communautaire ne peut que continuer.» (AFP)
pour les réfugiés Rohingyas à Teknaf.
Certains ont choisi l’exil vers d’autres pays, comme dans les années 60, quand 250.000 Rohingyas sont partis en Arabie Saoudite.
Aujourd’hui, la Malaisie en accueille 20.000 avec un statut de réfugiés et le Pakistan, où ils se sont bien intégrés, 300.000. (AFP PHOTO/ Munir uz ZAMAN)
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