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Les structures étatiques freinent le développement au Vietnam

Nguyên Tan Dung, reconduit en mai 2011 au poste de Premier ministre, dispose d'un pouvoir accru pour mener à bien des réformes économiques. Le Vietnam, qui a connu vingt ans de forte croissance, est désormais confronté à l'inflation et à la mauvaise gestion de grosses entreprises d'Etat, alors que la population n'a qu'un seul souhait, consommer.
Article rédigé par Jean-Claude Rongeras
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un travailleur migrant poussant une charrette dans une rue d'Hanoï, au Vietnam, le 30 mars 2012. (AFP/HOANG DINH NAM)

88 millions de Vietnamiens sont dirigés par le parti communiste, qui applique les recommandations de Ho Chi Min, le libérateur de la patrie. Le pouvoir est détenu par plusieurs instances : le Comité central, le bureau politique et l’Assemblée nationale. Le congrès du parti unique, organisé tous les 5 ans, a eu lieu en 2011.

Le Premier ministre a affermi son pouvoir
Nguyên Tan Dung, dont c’est le second mandat, est notamment soutenu par les militaires et la police. Des observateurs estiment que dans ce contexte, il pourrait être tenté par une politique plus stricte envers les dissidents. Le plus célèbre d'entre eux est un prêtre catholique, Nguyen Van Ly, habitué des prisons.

En octobre 2011, deux Vietnamiens ont fui le pays après des menaces du pouvoir, suite à leur collaboration avec le Guardian sur un article détaillant les mesures de répression frappant les dissidents.

Une soif de consommation
Durant deux décennies, les bons résultats économiques du Vietnam, liés à l’ouverture des échanges, ont permis un développement important du pays. Durant cette période, la croissance s’est élevée au minimum à 7,5% par an. Et entre 2002 et 2010, le Produit intérieur brut par habitant a été multiplié par trois pour atteindre 1.160 dollars annuels.

Le pays s'est relevé grâce à son intégration sur la scène internationale et à la prise de confiance des élites au milieu des années 2000. Résultat : une classe moyenne a émergé.

Un million de personnes arrivent chaque année sur le marché de l’emploi dans ce pays où 56% de la population a moins de trente ans. L’obsession de cette jeunesse est de consommer à court à terme. Le parti affirme avoir compris la demande de modernisation. Son objectif est de voir émerger un Vietnam industriel à horizon 2020.

Pourtant, les signaux économiques sont passés au rouge en raison de la dépendance vis-à-vis des investissements des Etats-Unis et de l’Union européenne, qui sont en baisse. L’inflation s’est élevée en 2011 à 19%, alors que la croissance a ralenti à 5,9%. Les autorités ont procédé à plusieurs dévaluations et ont dû faire une relance volontariste qui représente 8% du PIB.

 

Des prêts bancaires aident le développement des entreprises familiales 

Aideaudéveloppment, le 29 juin 2010

 

Gestion archaïque des entreprises publiques
La première tâche de Nguyên Tan Dung est de remettre en ordre les entreprises d’Etat. Le 1er avril 2012, l’ancien dirigeant de Vinashin, le groupe de construction navale, figure de proue de l’économie vietnamienne, a été condamné à vingt ans de prison parce que son entreprise s’est retrouvée avec trois milliards d’euros de dettes. Un autre groupe, Vinalines, la première compagnie de transport maritime, est confrontée à la même gestion calamiteuse.

Conséquence de ces faillites, les autorités ont décidé que les sociétés d’Etat, qui représentent un tiers du PIB, publieront désormais leurs comptes. Le docteur en économie, Nguyên Duc Thành, de l’Université d’Hanoï, met l’accent sur la nécessité de repenser les structures d’investissements publiques et les banques commerciales.    

Autre souci pour le fonctionnement harmonieux de l’économie, la corruption. Ainsi, construire une route au Vietnam coûte une fois et demie à deux fois plus cher qu’en Indonésie ou en Thaïlande, alors que les ouvriers sont qualifiés et les matériaux ne manquent pas.

Face à la problématique du développement, le géographe Patrice Coseart, indique que le Vietnam doit mettre en œuvre des petits projets industriels réalistes. Selon lui, il convient dans le même temps de moderniser l’agriculture dans le respect de l’environnement. Un plan qui peut inspirer des actions dans le centre du pays, auquel s’intéresse aujourd’hui le pouvoir, après la réussite du nord et du sud. Ces mesures permettraient également d’éviter l’exode rural.

CARTE VIETNAM (AFP/LF)

Le rôle des expatriés 
Les expatriés représentent également une source de financement pour l’économie vietnamienne. Estimés à trois millions dans le monde, les «Viet kieu» ont envoyé entre 1991 et 2005 quelque 15 milliards de dollars. Les autorités encouragent des programmes pour faire revenir la jeune génération afin de profiter de leurs savoirs universitaires.

Main d’oeuvre qualifiée
La catastrophe de Fukushima au Japon et les inondations en Thaïlande, survenues en 2011, ont profité à Hanoï. Les grandes entreprises mondiales, comme Samsung, Canon, Foxconn, y ont délocalisé leurs usines high-tech pour continuer à produire. Elles ont ainsi investi 1,4 milliard d’euros en 2011. SEB a, lui, racheté le N°1 vietnamien des ventilateurs, Asian Fan, pour pénétrer le marché asiatique.

Les investissements étrangers permettent d’absorber une partie des 257.000 jeunes diplômés vietnamiens bacheliers ou frais émoulus de l’université qui débarquent chaque année. Le système éducatif performant attire des grandes écoles et des universités françaises qui ont crée sur place des masters de management et de finance.

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