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Les Tuvalu, archipel en voie de disparition

L’Etat des Tuvalu, plus communément appelé les Tuvalu, n'existera plus dans 50 ans. Cet archipel polynésien, situé au centre de l’Océan pacifique et divisé en neuf atolls de 26 km², ne survivra pas au réchauffement climatique et à la montée des eaux. Sur place, les Tuvaluans s’organisent.
Article rédigé par Pauline Landais-Barrau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les fréquentes inondations subies par l'archipel des Tuvalu polluent les sols et rendent l'eau de source impropre à la consommation (AFP PHOTO / TORSTEN BLACKWOOD)

Depuis quelques années, une menace plane sur les Tuvalu. Les vagues sont plus hautes, les marées plus grandes et plus fréquentes. L’eau de mer remonte du sol et empêche l’eau de pluie de s’infiltrer dans la terre. Le sel détruit les cultures. Les arbres tombent et n’arrêtent plus le vent. Du coup, le sable et la terre sont emportés et l’érosion grignote petit à petit les côtes. Aujourd’hui, l’archipel est tout simplement menacé de disparition.
 
A l’échelle nationale, plus de 11.000 habitants sont concernés par le réchauffement climatique. Autant de personnes qui seront, à terme, chassées de leur île. Ce qui fait d’eux les premiers réfugiés climatiques du monde. Pour la première fois, une famille originaire des Tuvalu a obtenu le droit de résidence en Nouvelle-Zélande en raison du changement climatique. Une grande victoire quand on sait que pour l’instant, la Convention internationale relative au statut des réfugiés ne reconnaît toujours pas les victimes des aléas climatiques.
 
Une fin inévitable
Tuvalu est l’un des plus petits Etats du monde, le plus vulnérable aux changements climatiques et à l’élévation du niveau de la mer du fait de sa taille et de son isolement. Les neufs atolls ont déjà vu disparaître trois mètres de front de mer. En 2002, le Premier ministre de l’époque, Koloa Talake, annonçait son intention de porter plainte contre les Etats-Unis et l’Australie devant la Cour internationale de Justice de La Haye afin de dénoncer leurs émissions disproportionnées de dioxyde de carbone. Mais il ne fut pas réélu, et la plainte ne fut jamais déposée.
 
De plus en plus inquiets de la submersion de leurs îles, les Tuvaluans commencent massivement à quitter l’archipel. Car les îles vont devenir invivables bien avant d’être englouties. En effet, la population ne fait qu’augmenter : la population de Funafuti, l’île principale de l’archipel, a plus que doublé en 30 ans passant de 2.000 à 4.500. Et les conséquences de la montée des eaux se font déjà sentir : l’eau de mer s’infiltre dans les sources d’eau potable et la rend impropre à la consommation.

L'archipel des Tuvalu, menacé par la montée des eaux. (AFP PHOTO / TORSTEN BLACKWOOD)

S’organiser pour l’avenir
Une association française, Alofa Tuvalu, créée en 2005, a donc décidé de se mobiliser pour sensibiliser la communauté internationale à la disparition imminente des Tuvalu. Une mobilisation qui a conduit les Tuvaluans à faire l’inventaire de la biodiversité marine de l’archipel. Et le constat est sans appel : 1.500 espèces différentes, exceptionnelles et rares, risquent de disparaître avec la montée des eaux.
 
Pour l’association, il s’agit également de faire parler et de faire connaître l’archipel au plus grand nombre. Pour ce faire, l'association Alofa Tuvalu y a construit un centre de formation et de démonstration aux énergies renouvelables exemplaire, préfigurant un modèle de développement durable autonome. Et pour toucher du plus grand au plus petit, Alofa Tuvalu a pensé une bande dessinée pour les enfants disponible en 14 langues, afin de disposer d’un outil pédagogique adapté à tous.
 
Une bande dessinée pour sensibiliser les plus jeunes au réchauffement climatique (Alofa Tuvalu )

En quelques années, le combat que mènent les Tuvaluans pour sauver leur île est devenu un emblème de la lutte contre le réchauffement climatique. Le «Prix Tuvalu» du dérèglement climatique a même été créé en 2004 pour épingler les entreprises qui montrent leur incapacité à agir en faveur de la lutte pour le développement durable. Un «antiprix» dans l’espoir de rallier le plus grand nombre à la cause des Tuvaluans.

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