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Thaïlande: le vieillissement de la population s'accélère
1,4 million naissances dans les années 70, à peine plus de 700.000 en 2015: les Thaïlandais sont de moins en moins nombreux et de plus en plus vieux. En 2040, un quart de la population actuelle aura plus de 65 ans, soit plus de 17 millions de personnes. Dans ce pays très conservateur où les enfants se doivent de venir en aide à leurs parents vieillissants, la charge est lourde pour les actifs.
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A l'image de son roi Bhumibol Adulyadej, 88 ans, très malade, l'ancien royaume de Siam voit ses sujets prendre inexorablement de l'âge sans que les générations futures n'assurent la relève. Selon les statistiques de la Banque mondiale, le taux de natalité brut pour 1.000 habitants a chuté de 75% en 54 ans, de 1960 à 2014. Le taux de fécondité s'établit à 1,41 enfant par femme, d'après les chiffres de 2012, sous le seuil de remplacement de 2,1. Un résultat qui rapproche la Thaïlande du Japon, considéré comme «le pays le plus vieux du monde».
Mais la principale différence avec les autres pays d'Asie qui, comme le Japon, Singapour ou la Corée du Sud, font face à une révolution démographique, c'est le développement économique. La Thaïlande, pays intermédiaire dit émergent, vieillit avant d'être riche.
Les maisons de retraite, un sujet tabou
L'allongement de la durée de vie en Thaïlande à presque 75 ans en moyenne, tous sexes confondus, pose de plus en plus crûment la question de la prise en charge de cette classe d'âge. Traditionnellement, ce sont les enfants qui subviennent aux besoins de leurs parents vieillissants. Mais, avec l'accroissement du nombre des aînés dans les familles et, parallèlement, la diminution du nombre de descendants, la tâche devient parfois insurmontable.
L'absence de système de retraite ajoute encore une pression sur les travailleurs dont le tiers des revenus est consacré au soin apporté à leurs parents. Le concept même de maison de retraite reste tabou. Par-ci, par-là, des centres de soins de jour ont commencé à s'ouvrir mais ils sont financés grâce à des dons privés.
Les autorités sauront-elles relever le défi ?
Dans la banlieue de Bangkok, la capitale, Larita Chobpradith, infirmière en chef de l'un de ces centres, fait régulièrement du porte-à-porte pour passer voir les habitants les plus âgés et aussi pour leur présenter le concept du centre de jour. Grâce à cette structure, dit-elle à l'AFP, «les personnes âgées qui ont des soucis de santé ne sont pas obligées de rester alitées tout le temps. Et si elles viennent au centre, cela permet à leurs familles de faire autre chose et d'être moins sous pression».
Ils sont quelque 20 millions de Thaïlandais à ne disposer ni de système de retraite ni d'épargne. Et ils ne reçoivent qu'une aide d'environ 20 euros par mois de l'Etat. Les plus de 60 ans sont les plus pauvres du pays.
Les autorités ont commencé à prendre la mesure du défi à relever mais le manque d'anticipation du phénomène pourrait avoir des conséquences économiques lourdes.
Aux yeux de Kirida Bhaopichitr, chercheuse pour un think tank thaïlandais, «dans une Thaïlande vieillissante, le secteur des services (dont les activités sont accessibles aux seniors, NDLR) pourrait être un futur moteur de la croissance».
Favoriser une telle politique d'embauche des personnes du 3e âge permettrait selon Mme Bhaopichitr un sursaut du pays, dont l'âge médian s'élève à 39 ans, alors que la Thaïlande est dans une mauvaise passe économique face à la concurrence de ses voisins birmans et vietnamiens, des nations jeunes (âge médian 29 ans) qui apparaissent de plus en plus attrayantes pour les investisseurs étrangers.
La Thaïlande face à la concurrence de pays plus jeunes
Elles envisagent par exemple de relever l'âge de la retraite – actuellement à 60 ans – et de mettre en place des incitations fiscales pour que les entreprises embauchent des travailleurs âgés. Ce qui pourrait aider à faire face au manque de main-d'œuvre.
Elles envisagent par exemple de relever l'âge de la retraite – actuellement à 60 ans – et de mettre en place des incitations fiscales pour que les entreprises embauchent des travailleurs âgés. Ce qui pourrait aider à faire face au manque de main-d'œuvre.
Aux yeux de Kirida Bhaopichitr, chercheuse pour un think tank thaïlandais, «dans une Thaïlande vieillissante, le secteur des services (dont les activités sont accessibles aux seniors, NDLR) pourrait être un futur moteur de la croissance».
Favoriser une telle politique d'embauche des personnes du 3e âge permettrait selon Mme Bhaopichitr un sursaut du pays, dont l'âge médian s'élève à 39 ans, alors que la Thaïlande est dans une mauvaise passe économique face à la concurrence de ses voisins birmans et vietnamiens, des nations jeunes (âge médian 29 ans) qui apparaissent de plus en plus attrayantes pour les investisseurs étrangers.
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