ThaĂŻlande : pourquoi la colĂšre gronde
Les manifestants, qui réclament notamment le départ du gouvernement, accentuent leur pression, mercredi, alors que le mouvement s'étend à de nouvelles villes du pays.
En ThaĂŻlande, la fronde contre le gouvernement gagne encore du terrain, mercredi 27 novembre. AprĂšs avoir agitĂ© la capitale, Bangkok, et bloquĂ© des ministĂšres, le mouvement de contestation touche de nouvelles villes. Des milliers de personnes ont marchĂ© plusieurs kilomĂštres vers la pĂ©riphĂ©rie de la capitale. Elles sont entrĂ©es sans violence dans un important complexe du gouvernement, oĂč elles ont prĂ©vu de passer la nuit.
Francetv info se penche sur ce nouveau mouvement de contestation, considéré comme le plus important depuis la crise du printemps 2010.
Quel événement est à l'origine de ces protestations ?
La colÚre des manifestants a été déclenchée par une loi d'amnistie, spécialement taillée selon eux pour l'ancien Premier ministre, Thaksin Shinawatra, frÚre de l'actuelle PremiÚre ministre. Condamné à deux ans de prison pour malversations financiÚres, l'amnistie lui aurait permis de revenir dans le pays alors qu'il est en exil aprÚs avoir été renversé par un coup d'Etat en 2006.
Le texte a été voté par le Parlement début novembre, provoquant l'indignation dans les rangs de l'opposition. Il a ensuite été rejeté au Sénat. Mais cela n'a pas apaisé les contestataires. "Certains n'excluent plus la possibilité d'une guerre civile", alertait, le 11 novembre, le Bangkok Post , le plus grand quotidien anglophone de Thaïlande, rapportait Le Monde.
Que réclament les manifestants ?
A l'origine, ils demandaient le dĂ©part du gouvernement de la PremiĂšre ministre, Yingluck Shinawatra. Mais leurs revendications vont dĂ©sormais plus loin. "Nous n'abandonnerons pas mĂȘme si la PremiĂšre ministre dĂ©missionne ou dissout le parlement. Nous ne nous arrĂȘterons que quand le pouvoir sera entre les mains du peuple", a dĂ©clarĂ©Â l'ancien Premier ministre Suthep Thaugsuban, figure du principal parti d'opposition, le Parti dĂ©mocrate.
Mardi soir, il a appelĂ© Ă la crĂ©ation d'une administration non Ă©lue pour diriger le pays. "Si nous dĂ©molissons le systĂšme Thaksin (...), nous mettrons en place un conseil du peuple", qui "choisira les bonnes personnes pour ĂȘtre Premier ministre et ministres", a-t-il dĂ©clarĂ© devant une foule en liesse.
L'instabilité politique peut-elle prendre fin ?
Les contestataires ne se mobilisent pas seulement contre le gouvernement dirigée par la PremiÚre ministre. Ils visent tout un clan, avec en ligne de mire l'ancien Premier ministre Thaksin. En effet, malgré son exil, le milliardaire reste un personnage qui divise profondément le royaume.
D'un cÎté, il y a les "chemises rouges", des populations rurales et urbaines défavorisées du Nord et du Nord-Est, fidÚles à Thaksin, indiquait Le Figaro en 2010. De l'autre, les élites de Bangkok, la capitale. Elles gravitent autour du palais royal et considÚrent Thaksin comme une menace pour la monarchie. Ces classes moyennes et aisées ont formé les "chemises jaunes". Mais elles se sont essentiellement constituées en opposition aux "rouges", rappelait Le Figaro.
La ThaĂŻlande a connu 18 coups ou tentatives de coup d'Etat depuis qu'elle est devenue une monarchie constitutionnelle, en 1932.  Et cette instabilitĂ© risque de perdurer. "La tension va ĂȘtre constante, analyse le politologue Thitinan Pongsudhirak, de l'universitĂ© Chulalongkorn de Bangkok : Les manifestations antigouvernementales sont assez puissantes pour contrecarrer la politique du gouvernement... Nous sommes face Ă un nouveau cycle Ă©lectoral."
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