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Trois morts et des centaines de blessés dans des manifestations au Pakistan
Depuis la mi-août, les partisans de l’opposition réclament la démission du premier ministre Nawaz Sharif, accusé d’avoir truqué les dernières élections de mai 2013. Les manifestations jusqu’alors bon enfant ont dégénéré ce dernier week-end.
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Ils sont deux candidats malheureux à mener la fronde contre le Premier ministre Nawaz Sharif. Imran Khan, l’ancien champion de cricket devenu ténor populiste, se retrouve aux côtés du chef religieux établi au Canada, Tahir ul-Qadri. Selon eux, Nawaz Sharif a bénéficié de fraudes massives aux élections de 2013.
Tout se passait dans le calme jusqu’à la journée du 31 août. Les deux leaders ont demandé à leurs supporters de marcher vers le siège du gouvernement à Islamabad.
Face aux 25.000 manifestants, la police a fait usage de gaz lacrymogènes, tiré des balles en caoutchouc et donné du bâton. Le bilan est lourd. Trois morts déjà, et 500 blessés. Lundi 1er septembre, les manifestants ont attaqué la télévision d’état. Celle-ci a du interrompre ses programmes. Les manifestants, armés de gourdins, ont saccagé les locaux avant d’être refoulé par l’armée.
Une armée qui commence à hausser le ton. Elle demande aux deux parties de régler leurs différends pacifiquement. D'autant que ses chefs rendent publique leur «grande inquiétude» face à «la crise politique actuelle et le tour violent qu’elle a pris».
Mais au ministre de l’information Pervaiz Rachid qui déclare que la porte des négociations n’est pas fermée, fait écho un Imran Khan plus déterminé que jamais. «Ils pensent qu’en nous jetant en prison, Quadri et moi, le mouvement cessera…». «On m’accuse de terrorisme. Je suis un terroriste à vos yeux Nawaz Sharif, car vous êtes terrorisé…»
Depuis 1958, le Pakistan a vécu trois coups d’Etat. Celui de 1977 marque la destitution par le général Zia d’Ali Bhutto, qui sera exécuté. Ironie de l’histoire, le dernier coup d’état en date remonte à 1999. Le général Pervez Musharraf arrêtait un certain…Nawaz Sharif.
On le voit l’armée s’ingère très souvent dans la sphère politique. Au point que certains se demandent si ce mouvement de protestation n’est pas téléguidé par l’état-major.
En effet, les chefs militaires reprocheraient à Nawaz Sharif d’avoir tardé à lancer une opération d’envergure contre les talibans du Waziristan. Autre contentieux, le rapprochement amorcé vers le rival indien, et le procès pour «haute trahison» du général Musharaf.
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