Cet article date de plus de treize ans.

Une Chinoise se jette d'un pont dans l'indifférence générale

Nouveau débat en Chine sur la non-assistance à personne en danger, trois semaines après la vidéo d'une fillette écrasée sans que personne n'intervienne. 

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Capture d'écran d'une vidéo mise en ligne sur le site Youku. On y voit une voiture contournant le corps d'une femme qui vient de se jeter d'un pont, près de Chengdu (Chine), le 2 novembre 2011. (FTVi)

Une femme se jette depuis un pont sur une autoroute bondée de Chengdu, dans le Sichuan (Chine). La première voiture freine et parvient à s'arrêter à temps. Puis le conducteur allume son clignotant, patiente quelques secondes et dépasse le corps allongé sur la chaussée. Les occupants de la seconde voiture, d'où la vidéo est filmée, prennent le temps d'appeler les secours. Mais, malgré les signes de la main de la femme étendue à terre, ils ne s'arrêtent pas.

Des réactions cyniques

Cette vidéo, postée le 2 novembre sur des forums, est une nouvelle illustration de l'indifférence des Chinois à l'égard de leurs compatriotes en danger. Au mois d'octobre, la mort d'une fillette de 2 ans, renversée par une fourgonnette puis abandonnée de longues minutes dans la rue, avait choqué l'opinion publique.

Les réactions des internautes, traduites par le blog anglophone Shanghaiist.com, éclairent l'attitude des automobilistes. "Si tu veux sauter, trouve un endroit plus haut. En le faisant comme ça, tu ne meurs pas, tu ralentis juste le trafic", critique l'un d'eux. Un autre s'agace : "Si tu veux mourir, tu ne dois pas impliquer les autres." A l'inverse, certains s'étonnent du comportement des témoins : "Pourquoi tout le monde fonce et personne ne sort de sa voiture pour s'assurer qu'elle va bien ?" 

Un jugement défavorable aux bons samaritains

Sur le site de France 24, Pu Zhiqiang considère qu'il est "difficile de n'accuser que les passants dans ces histoires". Cet avocat, spécialisé dans les droits de l'homme, rappelle un précédent qui a marqué les Chinois. En 2006, un homme venu en aide à une femme de 66 ans a été accusé par cette dernière de l'avoir agressée. Un tribunal de Nankin (est) l'a condamné à payer une partie des soins médicaux de la vieille dame. "Je comprends que les gens fassent attention après ce genre de manipulation", estime l'avocat. Il rappelle également qu'il n'existe pas de loi pénalisant la non-assistance à personne en danger.

Ce dernier point pourrait bien changer. Dans le sud du pays, la ville de Shenzhen prépare une loi (article en anglais) pour protéger les bons samaritains de poursuites judiciaires. Fin octobre, le quotidien officiel Global Times (article en anglais) s'interrogeait sur les formes que prendrait un tel texte. Il rappelle les exemples américain et français, radicalement différents. Aux Etats-Unis, la personne qui vient en aide ne peut être poursuivie, tandis que la loi française punit ceux qui n'interviennent pas. Pour le journal, l'idéal serait "un mélange des deux"

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