"ENVOYE SPECIAL". Adoptée au Sri Lanka, elle découvre le trafic d'enfants dont elle aurait été victime
Adoptée au Sri Lanka dans les années 80, Champika veut connaître la vérité, si difficile soit-elle : a-t-elle été victime d'un trafic d'enfants qui l'a arrachée à sa mère biologique ? L'équipe d'"Envoyé spécial" l'a suivie dans sa quête d’identité.
Champika fait partie des 1 500 Français qui ont été adoptés au Sri Lanka pendant les années 80. A l’époque, le flou juridique entourant les adoptions aurait généré un vaste trafic d'enfants. Des intermédiaires peu scrupuleux auraient poussé des mères démunies à se séparer de leur enfant, certains allant jusqu'à voler des nouveau-nés dans les maternités. Aujourd'hui, Champika veut connaître la vérité, si difficile puisse-t-elle être : a-t-elle été victime de ce trafic d'enfants et arrachée à sa mère biologique ? De la France au Sri Lanka, l'équipe d'"Envoyé spécial" l'a suivie dans sa quête d’identité.
L'équipe du magazine l'a accompagnée à l'hôpital de Kalubowila, dans la banlieue de Colombo. Champika a retrouvé dans son dossier le nom de la maternité qui l'a vue naître. C'est l'un des plus grands hôpitaux du pays. Au bureau où sont conservés les registres des naissances, la jeune femme présente son certificat. Elle reçoit alors une terrible confirmation. Le document est un faux.
Des faux certificats de naissance dans tout le Sri Lanka
C'est toute l'identité de Champika qui vacille : année après année, elle a fêté cette date de naissance avec sa famille et ses amis. La jeune femme n'est pas seule dans ce cas. Les employés de la maternité lui révèlent l'ampleur du trafic. Devenues adultes, d'autres personnes adoptées sont déjà venues les voir, et dans la plupart des cas, leurs documents étaient faux eux aussi. "Ils donnaient un faux nom pour les mères, afin que personne ne puisse les retrouver", explique l'employée de l'hôpital.
Cette situation ne concerne pas seulement l'hôpital de Kalubowila, mais tout le Sri Lanka... Dans les années 80, les faux certificats y semblaient monnaie courante. Ils étaient fabriqués par les personnes impliquées dans un trafic d'enfants proposés à l'adoption pour des couples européens.
Au terme de ce voyage, les pires craintes de Champika se sont réalisées. Officiellement, dans l'hôpital où elle est censée être née, elle n'existe pas. Pour elle, il est temps que justice soit faite : "On ne peut pas laisser autant de gens avec des histoires pareilles."
Extrait de "Les enfants vendus du Sri Lanka", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 23 mai 2019.
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