Voici la plus ancienne gravure humaine, vieille de 500 000 ans
Ce zigzag réalisé sur un coquillage retrouvé en Asie est "la plus ancienne expression graphique connue", selon l'archéologue Francisco d'Errico.
"Il s'agit de la plus ancienne expression graphique" connue à ce jour, d'après l'archéologue Francisco d'Errico. Il est le coauteur d'une étude publiée dans la revue scientifique Nature (en anglais), mercredi 3 décembre, révélant la découverte d'une gravure vieille de 500 000 ans.
Le motif gravé est un simple zigzag découvert sur un coquillage d'eau douce, en Asie. L'auteur de cette sorte de graffiti préhistorique est un Homo erectus ("Homme debout"), qui a occupé le site de Trinil, sur le bord du fleuve Solo, sur l'île de Java.
Pas encore une forme d'art
Les chercheurs soulignent que "la découverte de ce coquillage gravé constitue une surprise car les gravures les plus anciennes connues jusqu'à présent sont plus jeunes d'au moins 300 000 ans".
"Toutefois nous n'utilisons pas le terme d''art' ou de 'symbolisme' comme cela a pu être fait pour des gravures relativement comparables mais souvent plus complexes découvertes en Afrique du Sud et qui ont été réalisées par l'Homme moderne il y a 100 000 ans", précise l'archéologue Wil Roebroeks.
Peut-être une marque de propriété
"C'est un comportement délibéré : l'homme a eu la volonté de faire un zigzag d'un seul coup", assure Francisco d'Errico. Reste que le motif de ce geste est toujours indéterminé. "Nous ne savons pas pourquoi il l'a fait. Cela pouvait être une marque de propriété, un code personnel, un cadeau", avance le chercheur du CNRS et de l'université de Bordeaux.
"Les gravures géométriques sont généralement considérées comme le signe de capacités cognitives modernes", relève aussi l'équipe de chercheurs menée par Josephine Joordens, de l'université de Leiden aux Pays-Bas.
Un outil pointu utilisé
Le tracé a été sculpté avec un outil pointu quand le coquillage, encore frais, était couvert d'une fine couche de matière organique. Ce procédé a permis de faire ressortir la gravure, les traits apparaissant blancs sur un fond brun foncé. Depuis, cette couche a disparu mais le zigzag est encore bien visible en lumière rasante.
Les Homo erectus de Java se déplaçaient le long de cours d'eau pour collecter de grandes moules d'eau douce. Ils avaient inventé une technique astucieuse pour les ouvrir. Avec un outil pointu du genre dent de requin, ils perforaient la moule au niveau de l'insertion du muscle adducteur antérieur, qui maintient le coquillage fermé. Cela provoquait l'ouverture immédiate de ce dernier et l'homme de Java pouvait se régaler.
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