Au Pakistan, des expatriés français surpris par la recommandation de quitter le pays : "On ne va pas abandonner notre vie ici si c'est comme d’habitude"
L'ambassade de France au Pakistan a conseillé, jeudi, à ses ressortissants de quitter temporairement le pays, alors que de violentes manifestations antifrançaises se sont déroulées dans plusieurs villes.
"Depuis cette affaire des caricatures, on vit en tant que Français avec des hauts et des bas. On ne montre absolument pas que l'on est Français", explique Julien*, un Français installé à Islamabad avec sa femme et ses deux enfants de 3 et 5 ans. Il se confie à franceinfo alors que de violences manifestations antifrançaises se sont déroulées dans plusieurs villes du Pakistan. Les autorités françaises ont recommandé jeudi 15 avril aux ressortissants et aux entreprises françaises de quitter provisoirement le pays, en raison des "menaces sérieuses" qui y pèsent.
Mais Julien, l'expatrié, attend de voir. "Ils vont renvoyer en France les personnels non nécessaires de l'ambassade et les gens qui sont vraiment visibles en tant que Français. Pour l'instant, on ne compte pas le faire. J'ai discuté avec le patron de mon agence, et il nous a gentiment proposé, au pire, de réserver des vols tous les jours pour être sûr d'avoir des places en catastrophe pour pouvoir partir." Malgré la situation dans le pays, le message de l'ambassade surprend l'expatrié français : "Je me pose la question de qu'est-ce qu'il y a de nouveau ? Pour l'instant, on ne va pas abandonner toute notre vie ici, s'il ne se passe rien et si c'est comme d’habitude." Julien, comme d’autres Français installés au Pakistan, vont continuer à faire profil bas, en attendant d’en savoir plus sur la réalité des menaces qui pèsent sur les intérêts français.
"Les manifestations ont été violentes, mais là, tous les barrages ont été levés et tout était terminé. Je suis un peu surpris du message."
Julien, un expatrié françaisà franceinfo
À l’origine de ces manifestations, il y a un parti islamiste, le Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), qui réclame depuis plusieurs mois l’expulsion de l’ambassadeur de France, comme l’explique Laurent Gayer, du Centre de recherches internationales de Sciences Po : "La mobilisation a commencé en novembre 2020 autour du parti islamiste TLP, qui demandait, en réponse à la position française et notamment à la défense de la liberté d'expression d'Emmanuel Macron, une suspension des relations diplomatiques et l'expulsion de l’ambassadeur. C'est une reprise et une radicalisation de ces protestations à l'arrivée d'un ultimatum posé en novembre dernier."
* Le prénom a été modifié
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