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Bagdad: double attentat et arrestations

Ban Ki-moon a annoncé mercredi l'envoi prochain en Irak d'un haut responsable de l'Onu
Article rédigé par France2.fr
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L'un des deux attentats qui ont frappé Bagdad le 25 octobre 2009: ici celui qui a touché le ministère de la Justice (© AFP - KHALIL AL-MURSHIDI)

Ban Ki-moon a annoncé mercredi l'envoi prochain en Irak d'un haut responsable de l'OnuBan Ki-moon a annoncé mercredi l'envoi prochain en Irak d'un haut responsable de l'Onu

Son rôle: discuter de la série d'attentats meurtriers qui a récemment frappé Bagdad.

153 personnes ont été tuées et plus de 500 autres blessées dans un double attentat. Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier à Bagdad depuis deux mois.

Plus de 60 éléments des services de sécurité, dont 11 officiers, en poste dans le quartier de Bagdad où a eu lieu le double attentat, ont été arrêtés, a indiqué jeudi le général Qassem Atta, porte-parole du commandement militaire de Bagdad. Parmi les personnes arrêtées figurent 4 officiers supérieurs de l'armée et 7 appartenant à la police, notamment le chef de la police de Salhiya et le patron d'un commissariat proche du ministère de la Justice. En outre, selon le général Atta, les commandants des 15 points de contrôle de Salhiya ont été arrêtés pour enquête.

Une enquête


En début de semaine, les autorités irakiennes ont réitéré leur demande à l'Onu pour qu'elle ouvre une enquête sur le soutien qu'auraient accordé des pays étrangers aux insurgés dans le double attentat de dimanche contre deux bâtiments officiels.

"En réponse à une demande du gouvernement irakien, j'enverrai en Irak le secrétaire général adjoint (de l'Onu) Oscar Fernandez-Taranco, pour des consultations préliminaires liées à la sécurité et à la souveraineté de l'Irak", a dit Ban Ki-moo à la presse à New York. Fernandez-Taranco, a-t-il précisé, n'ira pas en Irak pour ouvrir une enquête. Pour une enquête en bonne et due forme, Ban Ki-moo a souligné qu'il lui faudrait "un mandat clair du Conseil de sécurité".

L'Irak a imputé le double attentat de dimanche contre le siège du ministère de la Justice et le gouvernorat de la province de Bagdad, ainsi que les attentats du 19 août qui avaient dévasté les ministères des Affaires étrangères et des Finances, à Al Qaïda ainsi qu'à des partisans du parti Baas, interdit, de Saddam Hussein. Le gouvernement de Bagdad accuse en outre la Syrie voisine de servir de base arrière à des militants baassistes pour préparer des attentats.

Rappel des faits

Les attaques, qui se sont produites à quelques minutes l'une de l'autre, visaient le ministère de la Justice et le siège du gouvernement de la province de Bagdad, en plein coeur de la capitale. Peu après l'explosion, des corps étaient étalés sur la chaussée ensanglantée. Des membres et des morceaux de chair étaient disséminés dans la rue. Plusieurs carcasses de véhicules incendiés jonchaient la voie.

En août dernier, deux camions piégés avaient fait 95 morts dans des attentats visant les ministères des Affaires étrangères et des Finances. Plus de 600 personnes avaient été blessées. Le gouvernement irakien avait accusé la Syrie d'accorder refuge aux cerveaux de ce double attentat. Le premier ministre Nouri Al Maliki avait assuré que 90 % des "terroristes" étrangers entrant en Irak s'infiltraient de Syrie. Damas a démenti ces accusations.

Le chef de l'armée de terre irakienne, le général Ali Gheidan, a mis en garde contre le risque d'un regain de violences dans les neuf prochains mois en raison de la tenue d'élections générales et de l'installation d'un nouveau gouvernement.

Selon des responsables militaires américains, des attentats du genre de ceux commis à Bagdad dimanche et en août visent à rallumer le conflit intercommunautaire qui a ensanglanté le pays après l'invasion américano-britannique de 2003. Ils ont également pour objectif de saper la confiance dans le premier ministre Nouri Al Maliki à l'approche des élections législatives prévues pour l'année prochaine.

On s'attend à ce que Nouri Al Maliki fasse campagne en vantant l'amélioration des conditions de sécurité à travers le pays. Les forces américaines se sont retirées à l'intérieur de leurs bases et ont ainsi évacué les centres urbains en juin, laissant aux Irakiens le soin d'assurer les missions de sécurité.

D'une manière générale, la violence a décliné en Irak depuis que les Etats-Unis se sont assuré l'appui des chefs de tribus locales dans leur lutte contre Al Qaïda, et depuis l'envoi de renforts américains. Pour autant, les attentats n'en demeurent pas moins fréquents dans certaines parties du pays.

La France a condamné "avec la plus grande fermeté le double attentat meurtrier" et assuré l'Irak de sa "solidarité".

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