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Banque Mondiale : le changement climatique va aggraver l’insécurité alimentaire
Les besoins en eau sont en hausse exponentielle sous la pression conjuguée de la croissance démographique et de l'expansion des villes. Dans le même temps, le changement climatique va fortement impacter l'approvisionnement en eau, avec un régime des pluies plus erratique et incertain, affirme le dernier rapport de la Banque mondiale intitulé «High and dry: Climate change, Water and the Economy».
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Les changements climatiques vont exacerber les problèmes de sécurité alimentaire, affirme le rapport de la Banque mondiale intitulé Changement climatique, l’eau et l’économie. Une pluviométrie plus aléatoire risque de perturber la production agricole.
Le cycle des inondations et des sécheresses associé au phénomène El Nino pèse déjà sur la production agricole, comme on a pu le constater ces derniers mois en Afrique Australe et en Ethiopie.
Pour nourrir 9 milliards d’habitants, la hausse de la production alimentaire va se heurter à des ressources en eau plus incertaines et à une concurrence croissante entre les différents usages de l'eau : agriculture, énergie, industrie et eau potable.
«L’irrigation représente déjà près de 90% de l'utilisation de l'eau dans de nombreux pays en développement. Dans le bassin du Nil bleu, par exemple, des conditions plus sèches signifient que plus d'eau doit être stockée dans des réservoirs pour la production d'hydroélectricité, ce qui réduit d’autant l'eau disponible pour l'irrigation.»
L'agriculture : 70% de l'eau douce disponible
Le changement climatique va modifier la quantité d'eau disponible, à la fois par des déplacements géographiques et saisonniers. La hausse des températures va causer plus d'évaporation et augmenter les besoins en eau pour les cultures et le bétail.
«Pour répondre aux besoins alimentaires dans le monde, il faudrait augmenter l'irrigation (et le drainage) d’environ 5% par an, l'équivalent de la construction d'un nouveau barrage d'Assouan chaque année.»
L'intensification de la production alimentaire depuis les années 1970 a connu un grand succès pour l'alimentation d'une population mondiale en croissance rapide. Il est de plus en plus clair que les rendements commencent à plafonner dans certains régions.
Lorsque les eaux de surface ne sont pas disponibles, on se tourne vers les eaux souterraines. Cependant, une grande partie des nappes aquifères du monde sont déjà fortement exploitées.
Au Moyen-orient et en Afrique du Nord, la faiblesse des pluies et le recours aux eaux souterraines non renouvelables rendent l'agriculture particulièrement difficile et coûteuse.
L’Afrique du Nord et sahélienne, le Moyen-Orient, mais aussi l’Inde et la Chine sont les espaces les plus menacés par l’insuffisance de la ressource en eau, affirme le rapport.
L’Asie du Sud, très dépendante de l'irrigation par les eaux souterraines, a peu d'eau supplémentaire disponible pour augmenter la production agricole ou compenser les changements liés à la mousson et au ruissellement en provenance de l’Himalaya.
Instabilité politique
Le risque est très important dans les grands bassins fluviaux, comme le Yangtze, le Gange et l'Indus, qui dépendent de la fonte des glaciers et des accumulations de neige dans l’Himalaya.
Des crises soudaines provoquées par des sécheresses vont frapper des régions déjà instables avec de graves conséquences économiques. A moins que des mesures soient prises rapidement, l'eau va se raréfier dans les régions où elle est actuellement abondante – en Afrique centrale et en Asie de l'Est – et la situation va devenir critique dans d'autres régions – comme le Moyen-Orient et le Sahel –, là où elle est déjà rare. La flambée des prix alimentaires provoquée par la sécheresse peut précipiter les conflits latents et les flux migratoires.
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