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Crise UE-Biélorussie : le président biélorusse Alexandre Loukachenko "est un passeur d'Etat", affirme le député Modem Frédéric Petit

Frédéric Petit voit dans le bras de fer entre l'UE et la Biélorussie une "guerre hybride" et plaide pour travailler avec l'opposition biélorusse qui est une opposition "sage" qui ne veut que refaire des élections "correctes".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Frédéric Petit, le 9 novembre 2021, à l'Assemblée nationale. (THOMAS SAMSON / AFP)

Le président biélorusse d'Alexandre Loukachenko "est un passeur d'Etat", a affirmé jeudi 11 novembre sur franceinfo Frédéric Petit, député Modem des Français établis hors de France, pour l'Allemagne, l'Europe centrale et les Balkans, membre de la commission des Affaires étrangères, alors que plusieurs milliers de migrants sont massés en Biélorussie à la frontière avec la Pologne.

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Les Occidentaux accusent le régime d'Alexandre Loukachenko de vouloir déstabiliser l'Europe en laissant plusieurs milliers de migrants se masser en Biélorussie à la frontière avec la Pologne. La Biélorussie a menacé jeudi de riposter à d'éventuelles sanctions européennes. 

franceinfo : Est-ce que l'on est uniquement dans une crise diplomatique ?

Frédéric Petit : Ce n'est pas une crise diplomatique autour des migrants. C'est une guerre hybride. La crise a commencé bien avant les élections. C'était bien avant 2020. Ce ne sont pas des élections contestées. Ce sont des élections truquées. La France a été très claire là-dessus. Nous ne reconnaissons pas ce régime qui est un régime qui n'a pas été élu. Loukachenko a annoncé il y a quelques mois, au moment d'un des trains de sanctions, qu'il nous enverrait des migrants, qu'il nous enverrait de la drogue, qu'il nous enverrait de la mafia et qu'il nous couperait le gaz.

C'est une guerre hybride et ce n'est pas un problème diplomatique autour des migrations, autour de la Pologne. Ce n'est pas comparable à ce qui se passe en Bosnie. C'est un apprenti sorcier. Je ne suis pas surpris que l'Ukraine ferme maintenant parce qu'il a bien vu qu'on ne passait pas. Donc ils vont repartir. C'est 15 000, 20 000 migrants qu'il a ramené avec des avions en les faisant payer. C'est un acte de guerre.

Comment traiter avec le régime biélorusse ?

Il faut d'abord continuer à faire ce que nous faisons avec l'opposition depuis un an et demi. Moi, j'ai le privilège de pouvoir leur parler puisqu'ils sont à Varsovie et à Vilnius. Cette opposition est sage. C'est une opposition qui ne veut que refaire des élections correctes. Et il faut continuer nos efforts de médiation. Il faut continuer à travailler avec les Bélarusses qui sont exilés sur notre sol européen. Il faut continuer à le faire. Je ne suis pas sûr que Poutine soit aussi au soutien de Loukachenko qu'on le croit en France. Poutine n'est pas fou comme Loukachenko. Loukachenko est quelqu'un qui n'est pas stable. C'est un régime absurde que l'on a à nos frontières. Et je ne crois pas que cela arrange Poutine.

Est-ce qu'il faut continuer le bras de fer ? Ou est-ce que l'issue passe par Moscou ?

Non, je n'y crois pas trop. Poutine a très peu d'enjeux. Il n'a qu'un enjeu historique au Bélarus. Poutine est en train de refaire une histoire héroïque de l'Union soviétique. Et le Bélarus pour l'Union soviétique, c'est comme Verdun pour nous. Donc il n'a pas d'enjeu. Il sait très bien que le peuple bélarusse n'est pas un peuple qui voudra absolument intégrer l'Union européenne. Ce sont deux peuples amis. Donc Poutine a très peu d'enjeu de ce côté.

Je pense qu'il faut continuer à travailler avec son régime, continuent à sanctionner parce que les sanctions lui font mal, en particulier sur sa classe moyenne supérieure qui ne va bientôt plus pouvoir venir en Europe en vacances. Ce sont des choses qui vont marquer. Et il faudra peut-être que l'on fasse comme avec d'autres dictateurs, qu'on lui permette de partir dignement. Mais il ne faut pas céder, sinon on est là pour 50 ans. Il est en train de jouer avec le feu. Et ce feu va se retourner. Pourquoi l'Ukraine ferme la frontière ? Parce qu'ils essaient de retourner chez eux par tous les moyens. Ils ont compris qu'on leur avait volé leur argent. C'est un c'est un passeur d'Etat.

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