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Brésil: Marina Silva, la candidate qui bouscule la présidentielle

Après le décès du candidat socialiste Edouardo Campos, le 13 août 2014, sa remplaçante, l’écologiste Marina Silva, apparaît comme une «alternative» aux partis traditionnels. Elle représente une menace sérieuse pour le Parti des travailleurs (PT) de la présidente sortante Dilma Rousseff et la principale formation d’opposition, le Parti social-démocratie (PSBD), du sénateur Aécio Neves.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Marina Silva, le 1er avril 2014, lors d'un déjeuner-débat avec des entrepreneurs auquel participait le candidat socialiste à la présidentielle, Edouardo Campos, décédé accidentellement le 13 août 2014. (VANESSA CARVALHO / BRAZIL PHOTO PRESS)

La candidature de Marina Silva pourrait priver Dilma Rousseff des voix nécessaires pour éviter un second tour, le 26 octobre 2014. Car avant même d’avoir été intronisée officiellement candidate à la présidentielle, le 20 août 2014, l’ex- ministre de l’Environnement de Lula et ancienne membre du PT totalisait 21% des intentions de vote au premier tour, devançant ainsi le social-démocrate Aécio Neves (20%). 

Selon un sondage de l’institut Datafolha, publié le 18 août, Marina Silva, 56 ans, l’emporterait non pas au premier tour (le 5 octobre 2014) contre Dilma Rouseff (36%) mais au second avec 47% des voix contre 43%. Quatre points d’écarts qui correspondent à la marge d’erreur, explique Datafolha, optant plutôt pour un jeu égal entre les deux femmes.

20% des suffrages en 2010
Déjà en 2010, elle avait créé la surprise en tant que candidate du Parti des Verts, en arrivant troisième au premier tour de la présidentielle avec près de 20% des suffrages. L’élection avait été remportée par la candidate préférée du président sortant Lula, Dilma Rousseff.

Cette fois, l’écologiste apparaît «comme une candidate capable d’affronter le Parti des travailleurs de Dilma Rousseff et le Parti de la social-démocratie de Neves qui se partagent le pouvoir depuis 1994», selon l’analyste politique Rafael Cortez, de la société de conseils Tendencias. Elle a convaincu de nombreux électeurs indécis ou sur le point de voter blanc d'après le sondage Datafolha, «ce qui est le signe que l’électeur peut la voir comme une alternative», estime encore le politologue. 

Ses origines modestes la rendent très populaire auprès des classes moyennes urbaines. Elle l’est également chez les jeunes électeurs, déçus par la classe politique traditionnelle, qui avaient manifesté, en juin 2013, contre la corruption et la vie chère. Alphabétisée à l'âge de 16ans, Marina Silva fera son entrée en politique en luttant contre la déforestation de l'Amazonie, région où elle est née le 8 février 1958.

Evangéliste convaincue
Son appartenance au culte évangélique représente un atout pour une partie de l’électorat protestant qui voit en elle un rempart contre l’avortement, toujours illégal, et le mariage gay, souligne Libération. 70% des électeurs d’Aécio Neves voteraient pour elle contre Dilma Rousseff, ajoute le journal.

En s'alliant au candidat socialiste Eduardo Campos, mort le 13 août 2014 dans un accident d’avion, Marina Silva briguait le poste de vice-présidente. Elle avait dû renoncer à postuler au nom de son  propre parti, Rede Sustentabilidade (Réseau durable), faute d’avoir réussi à déposer à temps les signatures nécessaires à sa candidature auprès du Tribunal électoral.

Cette femme de conviction s'est engagée à respecter le programme du parti socialiste brésilien et ses alliances régionales, ce qui fait que le PSB a décidé de se rallier à sa candidature, a expliqué le parlementaire Beto Albuquerque, choisi par le PSB pour être son colistier. Ce député du Rio Grande do Sul, fief de l'industrie agro-alimentaire, avait fait voter il y a dix ans une loi autorisant l'utilisation de soja transgénique, malgré les objections de Marina Silva.

Silva critique le bilan de Roussef
Le 20 août 2014, la nouvelle candidate du PSB a critiqué le bilan économique des quatre années de présidence de Dilma Rousseff, marqué par une croissance en berne et une inflation élevée. «Nous savons que notre pays a besoin d'investissements et ils viendront avec un nouveau gouvernement ayant de la crédibilité parmi les investisseurs», a-t-elle lancé lors d'une conférence de presse.


Le retour inopiné de l'ancienne ministre de l'Environnement (de 2003 à 2008) devrait obliger Aécio Neves et Dilma Rousseff à revoir leur stratégie de campagne. Et probablement faire réapparaître Luiz Inacio Lula da Silva, appelé à la rescousse par des proches du gouvernement chaque fois que Dilma Rousseff est en difficulté pour se maintenir au pouvoir.

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