Brésil : un jeune Indien guarani utilise le Mondial comme tribune et est censuré
Trois enfants sont arrivés sur le terrain pour lâcher une colombe blanche. Il y a un garçon blanc, une jeune fille noire et un jeune Indien guarani avec des plumes sur la tête. A eux trois, ils symbolisent la diversité brésilienne. Ils libèrent l'oiseau et au moment de rebrousser chemin et de quitter le terrain pour laisser la place au match Brésil-Croatie, le jeune Guarani sort de la poche de son short une banderole sur laquelle est écrit un seul mot : demarcação.
La «démarcation» est un article de la constitution brésilienne de 1988. Elle permet aux Indiens de se voir attribuer les terres qu'ils occupent traditionnellement, appellées aussi terres indigènes. De pouvoir ainsi les gérer comme bon leur semble et surtout leur permet d'en interdire l'accès à tous ceux qui veulent les exploiter et en tirer profit: exploitants agricoles, forestiers ou orpailleurs.
Des terres principalement situées en Amazonie
Concrètement, la démarcation passe par une étude cartographique, environnementale, ethnologique, juridique et historique dirigée par un anthropologue assisté d'un groupe technique spécialisé. L'étude est ensuite validée ou amendée par la Fondation nationale de l'Indien. La reconnaissance officielle passe par une démarcation physique consistant à installer des panneaux d'interdiction d'accès sur les voies conduisant aux terres indigènes. Elle implique aussi l'expulsion des non-Indiens de cette terre, une indemnisation étant prévue pour ces derniers ayant réalisé, de bonne foi et preuves à l'appui, des investissements sur place.
Le processus de la démarcation est donc long et lent. Les terres Indigènes représentent tout de même près de 13% du territoire national et sont essentiellement situées en Amazonie (à 98,5%). Malheureusement, les recours se multiplient afin de bloquer les actions de démarcation en cours. 90% sont ainsi au point mort. Depuis début 2014, le Congrès national brésilien travaille sur un possible transfert du pouvoir de démarcation du gouvernement fédéral au Congrès national brésilien lui-même. Nouveau gestionnaire veut-il dire nouvelles règles, plus contraignantes, moins favorables ?
Tout à leur inquiétude, les Guaranis ont vu dans la Coupe du Monde une tribune de choix pour alerter sur leurs problèmes. Ils tiennent à préciser qu'ils ne font pas du tout partie des opposants au Mondial, ils ont juste saisi l'aubaine.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.