Cet article date de plus de cinq ans.

Election présidentielle au Brésil : débat en famille sur l'alternative radicale qu'offre le second tour

Le second tour de la présidentielle dimanche au Brésil entre un candidat d'extrême droite et son rival de gauche attise les discussions en famille, ainsi que l'a constaté franceinfo, à Sao Paulo.

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Jair Bolsonaro à gauche sur ce montage photo et à droite, Fernando Haddad, adversaires à la présidentielle du 28 octobre au Brésil. (MAURO PIMENTEL / AFP)

Au Brésil, le candidat d'extrême droite à la présidentielle, Jair Bolsonaro, est donné vainqueur par les sondages de la présidentielle du 28 octobre. Son adversaire du Parti des travailleurs, Fernando Haddad, lance toute ses forces dans la bataille pour un revirement. Un duel qui divise l'opinion jusqu'en famille. 

La présidentielle au Brésil entre Jair Bolsonaro et Fernando Haddad, le débat politique s'invite en famille - un reportage à Sao Paulo de Sandrine Etoa-Andègue

À Sao Paulo, la famille Pereira habite un pavillon confortable de Villa Madalena, un quartier bohème. Neci, l’employée de maison, ouvre le portail. Avant les deux heures du trajet retour vers chez elle, elle déguste un dernier café. "Je ne pourrais jamais voter Bolsonaro. Il méprise les gens du Nord-Est comme moi, les gays, les Noirs, lance-t-elle. Il nous insulte. Ce discours de haine ce n’est pas bon pour le pays." 

Dans le salon, Fatima, la maîtresse de maison, lève les yeux au ciel. "Excusez-moi, mais l’épouse de Bolsonaro a des ancêtres noirs, c’est du racisme ça ? Tout ça c’est des mensonges", assure la mère de famille. Dimanche, elle votera pour Bolsonaro "parce que la situation du pays est catastrophique". "Les vols, la corruption, tout le monde en pâtit. Certes, les choses ne changeront pas en un an, il ne fera pas de miracle, mais au moins il va rétablir l’ordre", affirme Fatima.

Agacée, sa fille Carolina, 28 ans, l’interrompt en axant ses arguments sur le programme. "Tu ne crois pas aux miracles mais tu le présentes comme un sauveur, alors qu’il n’a aucune proposition" dit-elle à sa mère. S’il est élu ce sera grâce à Facebook et WhatsApp. C’est un incompétent, c’est pour ça qu’il ne veut pas de débat." La conversation prend justement des airs de débat. "Ceux qui se prennent pour des messies, des dieux, ce sont les gens du Parti des travailleurs, ils idolâtrent Lula", réplique la mère de famille. 

La famille Pereira à Sao Paulo (Brésil) le 25 octobre 2018. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

La référence à Lula, l'ancien président aujourd'hui en prison pour corruption et blanchiment d'argent, fait réagir Carolina, qui le défend, comme de nombreux Brésiliens favorables au PT. "Grâce à Lula, des millions de Brésiliens ne connaissent plus la faim, assure-t-elle. Qu’a fait Bolsonaro en 27 ans de mandat ? Il n’a même pas proposé une seule loi en faveur des militaires et policiers qu’il aime tant." Fatima fait la sourde oreille et défend le programme de son favori : une législation plus souple sur le port d’armes, des généraux au gouvernement : "Et pour son programme économique, il s’appuiera sur un homme d’expérience. Haddad comme maire de Sao Paulo, c’était une catastrophe."

Antonio, le père, tente de siffler la fin de la partie. Lui aussi penche pour le candidat d'extrême-droite. "Le PT, je n'en peux plus. Il a eu sa chance après presque 15 ans au pouvoir. Aujourd’hui, l’économie du Brésil est à genoux, il faut du changement", dit-il, convaincu que Jair Bolsonaro n’imposera rien par la force. "Nos institutions sont solides. La preuve, Lula a été mis en prison sous la présidence de Dilma [Rousseff]. Et je ne crois pas qu’il soit homophobe." Dans la discussion politique qui s'est instaurée, la fille, Carolina a eu dernier mot, en tout cas pour cette séance. "Je suppose que tu parles bien de celui qui dit que si ton fils est homosexuel, c'est qu’il n’a pas reçu assez de gifles, enfant", conclut-elle. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.