Présidentielle au Brésil : un débat à couteaux tirés entre Lula et Bolsonaro pour finir la campagne
A l'avant-veille du second tour, la dernière confrontation entre les deux candidats a viré à l'empoignade. "C'était un anti-débat, sans la moindre nouveauté qui puisse changer la donne", a estimé un chroniqueur politique brésilien.
"Roi des mensonges", "bandit", "déséquilibré"... Un ultime débat télévisé a opposé Lula et Jair Bolsonaro, vendredi 28 octobre, qui se sont rendu coup pour coup avant le second tour de la présidentielle dimanche. Pendant plus de deux heures sur TV Globo, la chaîne la plus regardée du pays, les deux candidats ont échangé les noms d'oiseaux et accusations, plutôt que d'exposer leurs projets concrets pour les quatre années de mandat en jeu au scrutin de dimanche.
"Lula, arrête de mentir, rentre chez toi !", a lancé le président d'extrême droite Jair Bolsonaro, 67 ans, qui été jusqu'à déclarer que son adversaire devrait "se faire exorciser pour arrêter de mentir". L'ancien chef de l'Etat de gauche, qui a fêté ses 77 ans jeudi, n'était pas en reste : "Ce type est le plus grand menteur de l'histoire du Brésil", a-t-il rétorqué, traitant par la suite son adversaire de "déséquilibré".
"Tu prends du Viagra ?", est allé jusqu'à demander Bolsonaro à Lula, qui lui avait demandé des comptes sur l'achat controversé de 35 000 pilules ce de médicament pour l'armée. Le débat de vendredi a eu lieu lors de la dernière ligne droite d'une campagne souvent ordurière, gangrénée par les coups bas et la désinformation massive sur les réseaux sociaux.
"Le Brésil est devenu un paria"
"C'était un antidébat, sans la moindre nouveauté qui puisse changer la donne", a estimé le chroniqueur politique Octavio Guedes sur la chaîne Globonews, à l'issue de ce débat. Lula a légèrement augmenté (de quatre à six points) son avance dans le dernier sondage de l'institut de référence Datafolha, publié jeudi, avec 53% des intentions de vote exprimées, contre 47% pour son adversaire.
Au-delà de la joute verbale, le duel était également physique. Chaque candidat tentait d'occuper au mieux le terrain dans le studio transformé en arène pour un combat sans merci. "Reste ici, Lula !", a dit le président sortant, tandis que son adversaire lui tournait le dos. "Non, je ne veux pas rester près de toi", a répondu l'ancien ouvrier métallurgiste, qui s'est souvent approché tout près des caméras pour s'adresser aux téléspectateurs les yeux dans les yeux.
Lula a attaqué son adversaire sur sa politique internationale, un sujet qui n'avait pratiquement pas été abordé lors des débats télévisés précédents. "Sous ton gouvernement, le Brésil est devenu un paria. Personne ne veut te recevoir et personne ne vient ici", a-t-il lancé. Le débat a été interrompu à plusieurs reprises par des cris des équipes de campagne pour tenter de déstabiliser les candidats.
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