: Reportage "Je considère Lula comme mon frère, Macron comme mon fils" : en Amazonie, Raoni fait sourire les deux chefs d'Etats malgré leurs différends
Ils ont joint leurs mains pour ne faire qu’un, sur une photo qu'on peut qualifier d'historique : Emmanuel Macron, Lula et Raoni. C'était la première étape de la toute première visite d'Emmanuel Macron au Brésil : la remise de la Légion d'honneur pour le Cacique Raoni. La cérémonie s'est déroulée mardi 26 mars au soir en plein cœur de la forêt Amazonienne, sur l'île de Combú, près de Belem.
Après avoir annoncé un programme d'investissements verts pour l'Amazonie - un milliard d'euros d'argent publics et privés sur les quatre prochaines années -, le chef de l'État français a donc remis cette décoration hautement symbolique au chef kayapo, chantre de la défense de la forêt primaire.
Au cœur de cette nature luxuriante, sous un chapiteau recouvert de feuilles de palmiers, le président français prend ensuite la parole. "J'avais pris l'engagement de venir dans ta forêt, dit-il, s'adressant à Raoni, avec le tutoiement de rigueur. Je suis heureux que nous puissions en cet instant te célébrer. Cacique, mais jamais totalement Cassandre, oui, Raoni, tu as porté ce combat peut-être encore plus loin et plus résolument que d'autres."
Raoni veut "continuer le travail"
Des mots prononcés sous le regard rieur de Lula. Au fond de son siège, le président brésilien immortalise l’instant, prend des photos du Cacique. "Il faut dire, Lula, que c'est une source d'espoir pour nous car chaque fois que je le revois, comme les grands chanteurs, il est encore plus en forme, plaisante Emmanuel Macron. Car le Cacique que tu es n'a plus d'âge." Emmanuel Macron le pique, en accrochant la légion d’honneur à sa chemise, mais Raoni ne se démonte pas.
Du haut de ses plus de 90 ans - son âge estimé - et avec son célèbre labret, ce disque de bois sous la lèvre inférieure, Raoni s’empare du micro et commence par présenter ses neveux. Emmanuel Macron s’inquiète, son oreillette ne marche pas, la traduction est donc impossible. En kayapo, sa langue maternelle, le Cacique appelle à "continuer le travail" pour lutter contre l’orpaillage illégal, il demande du soutien et même le Prix Nobel de la paix. En posant pour les photographes, Raoni prend les mains des deux présidents et lâche en souriant: "Je considère Lula comme mon frère, Macron comme mon fils".
Avec cette première visite au Brésil, le chef de l'État français s’affiche ainsi avec "le" visage de la lutte pour la préservation de la biodiversité et des peuples autochtones, loin des querelles avec Lula sur Gaza, l’Ukraine, le Mercosur. Mercredi matin, les deux présidents se retrouvent près de Rio de Janeiro, sur le chantier naval d'Itaguaí, pour la mise à l'eau du troisième d'une série de quatre sous-marins de conception française à propulsion conventionnelle.
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