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Reportage "C'est apocalyptique !" : au Canada, des feux de forêts incontrôlés ravagent le nord du Québec

Des dizaines de milliers d’habitants du Canada, et particulièrement de l'Abitibi, ont dû être évacués. Les sinistrés confient leur désarroi.
Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
A la limite de la zone d’évacuation des habitants de Normétal, dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue, au Nord-Ouest du Québec, on aperçoit le panache de fumée qui se répand sur plus d’une centaine de km. (SOLENNE LE HEN / RADIOFRANCE)

Martine observe avec inquiétude l’énorme panache de fumée à quelques kilomètres de là. Les allers et venues des avions bombardiers d’eau ne semblent pas calmer l’incendie. Comme les 700 autres habitants du village de Normétal, dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue, elle a été évacuée. Et ne cache pas son inquiétude : "On a reçu une alerte pour partir immédiatement. On a pris le strict nécessaire, nos médicaments, notre linge, un petit peu. On a eu des nouvelles comme quoi le feu était à un kilomètre de chez nous. Maintenant, c'est la nature qui décide", glisse-t-elle.

>> Incendies au Canada : plus de 100 millions d'habitants des Etats-Unis concernés par des alertes à la qualité de l'air

Si les Canadiens ont l'habitude des feux de forêt, la situation est aujourd'hui sans précédent, avec des incendies qui ont débuté très tôt dans la saison à cause de la sécheresse. Là, au nord du Québec, on aperçoit un panache de fumée à 30 kilomètres aux alentours.

Plusieurs villages ont dû être évacués et les hôtels ou les gymnases de la région, grande comme deux fois la Belgique, servent de refuge aux sinistrés. Certains ont perdu leur maison. Cette habitante de La Sarre, dans l'Abitibi-Ouest, craint d'être bientôt évacuée elle aussi. "La majorité des petits villages sont en train d'être évacués, soupire-t-elle. Et La Sarre, c'est au milieu de tout ça. On se prépare mentalement, mais la situation n'est vraiment pas encourageante."

Tous les habitants rencontrés ne cachent pas leur peine : "J’ai mal au cœur, la forêt, c'est notre identité et notre économie aussi", confie l’un d’eux. "Ça sent le feu ! C’est comme s'il y avait le feu dans la cour ! C’est apocalyptique !", décrit une femme. 

Pas de pluie avant la semaine prochaine

Des centaines de pompiers venus des Etats-Unis, du Mexique, d'Afrique du Sud ou encore du Portugal ont déjà été appelés en renfort. La France a annoncé le 4 juin qu'elle envoyait elle aussi des pompiers. Mais au plus près des incendies, la situation est très difficile à contrôler pour les pompiers à pied d'œuvre. Parce que, disent-ils, ces incendies sont imprévisibles, voire incontrôlables : il y a beaucoup de vent, des bourrasques, des rafales, et des feux se déclarent çà et là sans prévenir, parfois à 500 kilomètres les uns des autres, tant la région est grande et boisée.

A l'origine de ces quelque 80 incendies à gérer en même temps, des orages la semaine dernière : la foudre a touché cette zone de forêts déjà très sèches, forêts de résineux et de feuillus. Il n'a pas plu depuis et les autorités n'espèrent pas de précipitations avant le début de semaine prochaine. Il est difficile d'établir un premier bilan de ces incendies, du nombre d'hectares de forêt qui ont brûlé, et la situation évolue très vite.

Aux Etats-Unis voisins, du Vermont à la Caroline du Sud, les autorités sanitaires ont déjà averti que les particules fines présentes dans l'atmosphère pourraient dépasser des niveaux nuisibles à la santé et engendrer des difficultés respiratoires pour les habitants, qui ont été invités à limiter le temps passé à l'extérieur.

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