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Le Canada réaffirme qu'il «ne paye pas de rançon» pour ses otages

Les islamistes philippins d’Abu Sayyaf ont décapité un otage canadien dont la tête a été retrouvée, le 25 avril 2016, devant une mairie de l'archipel de Jolo, place forte du groupe armé. Dès le lendemain, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, affirmait que cet «acte injuste» ne changerait rien à la position du Canada qui «ne paie pas et ne paiera pas de rançons» à des terroristes.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Canada «ne paie pas et ne paiera pas de rançon» pour la libération de ses ressortissants pris en otage, a déclaré Justin Trudeau le 26 avril 2016, après la décapitation du Canadien John Ridsdel aux Philippines. (Dennis Van Tine / Geisler-Fotopres / Geisler-Fotopress / DPA)

Lorsqu’il a été enlevé, le 21 septembre 2015, John Ridsdel, 68 ans, était en compagnie d’un autre Canadien, Robert Hall, de sa petite amie, une Philippine, et d'un Norvégien. Quatre personnes, toutes kidnappées sur un yatch dans la marina d’un complexe hôtelier près de Davao, la grande ville de l’île méridionale de Mindanao.

Six semaines après leur enlèvement, il était question d'une rançon de 21 millions de dollars par otage réclamée dans une vidéo diffusée sur internet. Dans la dernière, mise en ligne le 15 avril, John Ridsdel expliquait qu’il serait tué le 25 avril 2016, si la somme de 6,4 millions de dollars (5,67 millions d’euros) exigée par les ravisseurs pour sa libération n'était pas versée.
 

Payer une rançon, c'est quelque chose que nous ne faisons pas, directement ou indirectement, a déclaré Justin Trudeau, estimant que cela «constitue une source significative de financement pour les organisations terroristes» et «mettrait en danger la vie de millions d'autres (Canadiens) qui voyagent partout à travers le globe». Les services diplomatiques canadiens n'ont pas tenu à préciser le nombre de leurs ressortissants actuellement retenus en otage dans le monde.

Ottawa se permet toutefois une entorse aux règles, en ayant versé environ un million de dollars pour la libération du diplomate canadien Robert Fowler, au Niger, en 2009, selon le journal Métro de Québec.

John Ridsdel, ancien journaliste, était encore consultant minier pour un groupe canadien exploitant un gisement d'argent et d'or aux Philippines, et proche de Bob Rae, ancien chef du Parti libéral canadien.


Le chef du gouvernement canadien, Justin Trudeau, avait auparavant promis de travailler avec Manille et «des partenaires internationaux pour trouver les auteurs de ces actes haineux et les traduire en justice». Et qu'il «ne communiquerait aucune information pouvant compromettre les efforts en cours» pour libérer le Canadien toujours détenu.

«Neutraliser les criminels»
Aussitôt la nouvelle de la décapitation tombée, les autorités ont mis en place des barrages à Jolo. Dans un communiqué commun, l’armée et la police ont promis que pour «neutraliser les criminels», il n’y aurait «aucun relâchement des efforts déterminés de la force spéciale conjointe pour mener ses opérations intensives, militaires et de maintien de l’ordre».

Abu Sayyaf s’est fait connaître au début des années 2000 avec l’enlèvement contre rançon de dizaines de touristes étrangers. Fondé dans les années 1990 avec le soutien financier d’Oussama ben Laden, l'organisation radicale est issue de l’insurrection d’un mouvement séparatiste musulman qui a fait plus de 100.000 morts depuis les années 1970. Sur une vidéo postée sur Youtube en juillet 2014, ces islamistes ont prêté allégeance à l'EI



Selon les autorités philippines, le groupe armé détiendrait encore plus de 20 otages étrangers, dont 18 matelots indonésiens et malaisiens enlevés récemment au sud de l'archipel. Ces combattants, estimés à quelques centaines, se sont spécialisés depuis environ vingt ans dans les enlèvements de touristes étrangers contre rançon. Abu Sayyaf, qui dit avoir récolté plus de 5 millions de dollars en 2014, est plutôt considéré comme un groupe moins idéologique que crapuleux.

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