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Centrafrique : l'ambassade de France, cible de manifestants

Plusieurs centaines de personnes s'en sont prises mercredi à l'ambassade de France à Bangui, après un sit-in devant l'ambassade américaine. Les Centrafricains reprochent aux Occidentaux de les lâcher alors que les rebelles progressent dans le pays. L'armée française a sécurisé l'ambassade à la demande de François Hollande. Les États-Unis encouragent les Américains à quitter le pays.
Article rédigé par Cécile Quéguiner
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Ben Curtis Autre)

Les rebelles ont commencé leur progression le 10 décembre. Ils occupent désormais plusieurs villes importantes du centre et du nord de la République centre-africaine. Ils ont pris mardi Kaga Bandoro, et s'approchent dangereusement de la capitale Bangui. En face, l'armée régulière, sous-équipée, désorganisée, démotivée, et "une force d'interposition " tchadienne. Pas de quoi effrayer les rebelles qui demandent aujourd'hui au pouvoir de "déposer les armes ", sans même envisager de batailler à Bangui contre un président de la République, François Bozizé qui "a déjà perdu le contrôle ". 

Face à cette situation, plusieurs centaines de personnes ont décidé de manifester devant les ambassades américaine et française jugées trop passives devant l'avancée des rebelles. Les manifestants se sont contentés d'un sit-in devant l'ambassade des États-Unis, mais ont lancé des projectiles sur l'ambassade de France et sur la représentation d'Air France. Ils ont aussi emporté le drapeau français de l'ambassade. Une manifestation "particulièrement violente " a dénoncé l'ambassadeur de France. 

"On n'a plus besoin de la France" (un manifestant)

"Nous sommes ici à l'ambassade de France, parce que c'est la France qui nous a colonisés , a expliqué une manifestante à l'AFP. Mais la France a tendance à nous lâcher. On n'a plus besoin de la France, la France n'a qu'à prendre son ambassade et partir ". 

L'ambassade de France sécurisée

À la suite de ces incidents, François Hollande a ordonné la sécurisation des ressortissants français en République centrafricaine et de l'ambassade de France. Des militaires se sont déployés autour du bâtiment et le "calme a été rétabli", a précisé le ministère de la Défense dans un communiqué.

Dans le cadre de la
mission Boali, environ 250 militaires français basés à l'aéroport de Bangui
assurent un soutien technique et opérationnel à la MICOPAX (Mission for the
Consolidation of Peace in Central African Republic), sous mandat de la
Communauté économique des Etats d'Afrique centrale.

Washington encourage tous les Américains à quitter le pays

Mercredi soir, les États-Unis ont exprimé leur "profonde inquiétude" face au troubles en Centrafrique. Ils encouragent leurs ressortissants à quitter le pays et demandent à Bangui de protéger leur ambassade et à la rébellion de cesser les combats.

Dans le même temps, et face à la situation dans le pays, l'ONU a également décidé de retirer son "personnel non essentiel" de Centrafrique. 

Le vol Air France fait demi-tour

Conséquence de ce climat tendu : la compagnie Air France, la seule qui dessert la Centrafrique depuis Paris, a détourné son vol hebdomadaire AF780 de 10h59 en direction de Bangui, trois heures trente après le départ. L'avion fait donc route vers son point de départ. 

La coalition rebelle, baptisée Séléka, a pris les armes le 10 décembre pour réclamer l'application des accords de réconciliation nationale conclus entre 2007 et 2011. La Centrafrique fait partie des pays les plus pauvres de la planète, malgré ses énormes richesses minières et agricoles. Après avoir été dirigée par le dictateur mégalomane Jean-Bedel Bokassa, puis avoir vécu des années d'instabilité, de rébellions, de mutineries et de putschs, elle est engagée depuis 2008 dans un processus de paix. Mais, le Sékéla, composé de mouvements dissidents, a repris les armes. Le Quai d'Orsay estime à 1.200 le nombre de Français vivant en République centrafricaine, dont 200 militaires. 

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