Centrafrique : la peur de la communauté musulmane
Devant la petite mosquée du quartier Lakouanga épagné par
les heurts, Aboubakhar monte la garde. "On ne sait jamais. Il y a trop de
barbares en ce moment qui tuent des gens. Il y a des gens qui ont peur et qui
ne viennent pas ".
Devant quelques dizaines de fidèles, l'imam Oumar Koubine
Layama, président de la communauté islamique centrafricaine juge que la crise
actuelle n'est pas un conflit entre chrétiens et musulmans, toutes deux
victimes des mêmes milices. "Le phénomène n'a pas épargné les musulmans. Nous
avons des preuves : il y a eu des pillages et des viols, notamment d'une petite
fillette de deux ans ".
Des propos qui dénotent. La plupart des récits d'exactions que
nous avons recueillis concernent des groupes armés d'une communauté contre une
autre dans des quartiers aujourd'hui à feu et à sang. Mais pour l'imam, il
s'agit surtout d'une instrumentalisation politique.
A 50 mètres
de là, un convoi exfiltre plusieurs centaines de Tchadiens vers leur pays. 58
d'entre eux ont été récemment tués selon les autorités locales.
"Ils se
sentent en insécurité. Le Tchad nous a toujours secourus. C'est avec peine que
nous voyons nos frères tchadiens quitter le territoire centrafricain ", regrette
Abderrahmane, coordinateur de la mosquée.
Un exode qui amputera inévitablement
la communauté musulmane de Bangui. N'djamena dit avoir reçu 40.000 demandes de
transfert.
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