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Chine: manifestations contre un projet nucléaire d’Areva

La ville de Lianyungang (est de la Chine) a annoncé, le 10 août 2016, qu'elle suspendait un projet de construction d’usine de traitement de combustibles nucléaires usés. Un projet mis en œuvre par Areva en association avec une société chinoise, et considéré comme crucial pour l’avenir du groupe français, en proie à de graves difficultés.
Article rédigé par Marc Taubert
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Vue aérienne du site nucléaire de Taishan (sud-est de la Chine), construits par EDF et Areva. Ses deux réacteurs EPR seront les premiers du genre a être mis en service dans le monde. Pourtant, les deux cuves en béton conçues par Areva sont les mêmes que celles, défectueuses, de Flamanville. La Chine, elle, n'a trouvé aucune anomalie à Taishan. (EYEPRESS NEWS / EYEPRESS / AFP)

Ils sont des milliers à avoir défilé aux cris de «Non aux déchets nucléaires, défendons nos maisons!» du 6 au 8 août 2016 dans la ville de Lianyungang, à l’est de la Chine. «Nous avons déjà une zone d'industrie chimique à Lianyungang et la pollution est un problème inquiétant. Les déchets nucléaires sont bien pires que la pollution chimique ordinaire», a déclaré un commerçant local, cité par le Financial Times. «Nous savons tous ce qui s'est passé à Fukushima au Japon après l'accident nucléaire. Nous sommes vraiment inquiets».

Face à ces protestations, la municipalité a annoncé qu’elle allait suspendre temporairement sa participation au processus de sélection d’un lieu pour le futur site nucléaire. 


Mais les habitants, qui craignent une catastrophe écologique, redoutent toujours que leur ville soit, malgré tout, choisie pour établir cette usine de retraitement d’une capacité de 800 tonnes de déchets. La raison : une centrale nucléaire de grande ampleur est actuellement construite à proximité par le groupe China National Nuclear Corporation (CNNC).


La Chine, un relai de croissance pour Areva
Pour le groupe français, l’enjeu est d’importance. Car Areva, démantelé en trois entités (et qui devrait bientôt changer de nom pour s'appeler New Co), se recentre notamment sur la gestion du cycle de combustible et son recyclage.
 
Si l’entreprise à un carnet de commande bien rempli, il lui faut toujours combler 7 milliards d’euros de dette. Et les projets d’EPR à Flamanville et en Finlande risquent bien de peser sur son bilan. Dernière déception, la décision de la Grande-Bretagne de reporter sa décision de construction d’EPR à l’automne.
 
Mais l’entreprise peut voir en la Chine un relai de croissance. Avec 34 réacteurs en opération et 20 réacteurs en construction, le pays est le premier marché mondial pour l’atome civil.
 
Sur cette photo, Anne Lauvergeon, ancienne dirigeante d'Areva de 2001 à 2011, le 26 novembre 2007 à Pékin. (TEH ENG KOON / AFP)

De plus en plus de contestations
L’environnement est depuis quelques années un sujet de préoccupation pour les Chinois, en particulier pour ceux de la classe moyenne. Pour l’instant, les protestations contre des projets nucléaires ont été peu nombreuses. En revanche, concernant d’autres problèmes environnementaux, elles se multiplient.
 
En mai 2014, par exemple, 5 000 manifestants s’étaient rassemblés contre la construction d'un site d'incinérateur dans la ville de Hangzhou, à l’ouest de Shanghai. Des manifestations qui avaient dégénéré, la police étant intervenue. Plusieurs personnes avaient été blessées et une dizaine de voitures, renversées.
 
Plusieurs catastrophes ont sensibilisé les Chinois à la protection de l’environnement. En août 2015, les gigantesques explosions de Tianjin, qui ont fait plus de 170 morts et 800 blessés, ont profondément choqué le pays. L’entrepôt de produits chimiques où se sont produites les explosions, contenait 700 tonnes de cyanure de sodium, produit hautement toxique, et des milliers de tonnes d'autres composants chimiques dangereux.

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