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Chine: pas de barbes «anormales» pour les Ouïghours

Pékin poursuit sa politique de mise au pas de la population ouïghoure de l’ouest du pays. Le régime chinois prétend lutter contre l’islamisme dans la région du Xinjiang. Barbes trop longues et port du voile dans les lieux publics sont interdits.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min

La région fait trois fois la taille de la France. Le Xinjiang est situé à l’extrême nord ouest de la Chine Entre Kazakhstan, Kirghizistan et Tadjikistan à l’ouest, et Mongolie au nord.
 
La province compte une importante minorité musulmane, les Ouïghours, au nombre de 11 millions soit 45% de la population. Une minorité très active, victime selon elle d’une répression systématique de la part des autorités.
 
C’est ainsi que Ilham Tohti, économiste et universitaire ouïghour, a été condamné en septembre 2014 à la prison à vie. Longtemps, il a dénoncé, depuis Pékin, la répression visant son peuple. Le régime y a vu un acte de séparatisme et l’a envoyé en prison. En 2016, Ilham Tohti obtenait le prix de la fondation Martin Ennals, considéré comme le Nobel des droits de l’Homme.
 
En 2014, également, la ville de Urumqi, trois millions d’habitants, capitale de la province du Xinjiang a été la cible de plusieurs attentats terroristes. Le plus sanglant a eu lieu le 22 mai 2014. L’attaque d’un marché a fait 31 morts. Pékin a accusé des séparatistes ouighours d’être à l’origine de ces attentats qui au total ont fait des centaines de morts.

«Rivières de sang» 
Après une période de calme relatif, les attaques ont repris depuis le début de l'année. Les forces de sécurité ont reçu des renforts. Parallèlement, début mars 2017, pour la première fois, Daech s’en est pris à la Chine. Des djihadistes issus de la minorité ouïghoure ont menacé de «verser des rivières de sang» dans le pays. Pékin a répliqué en regroupant 10.000 hommes des forces de sécurité à Urumqi.
 
Les autorités chinoises intensifient également leur campagne contre l’extrémisme religieux. Ainsi, dès le début du mois d’avril, les barbes jugées «anormales» sont interdites au Xinjang. Interdiction également du port du voile dans les lieux publics. Les employés des aéroports et des gares sont invités à dissuader d’entrer dans la région les personnes couvrant en totalité leur corps.
 
Refuser la radio et la télé d’Etat deviennent des délits, tout comme se marier uniquement de façon religieuse. En 2016, le régime de Pékin s’en était pris au ramadan. Il avait interdit le jeûne aux fonctionnaires, étudiants et élèves de la région du Xinjang.
 
Sinisation
Enfin, ultime moyen pour contrer l’influence grandissante de l’islam dans la région, Pékin poursuit sa politique de sinisation du Xinjang. Les Han sont passés de 6% de la population en 1949 à 38% en 2011. Pour cette région, toutes les tracasseries administratives disparaissent.

Aucun niveau d’étude ou de compétence n’est exigé pour obtenir un permis de résidence. Les aides sociales à l’installation promises aux Hans sont autant d’incitation à l’installation dans la région.

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