Chine : quand la folie immobilière s'affranchit des lois
C’est une maison blanche adossée à la colline. Tout autour, une végétation luxuriante donne à l’endroit un air bucolique et champêtre. Mais cette villa et son parc sont perchés sur une tour de 26 étages, en plein Pékin et ils ont été édifiés sans permis de construire.
Si le propriétaire de ce château céleste a été aussi peu discret malgré la situation illégale de sa construction, c'est que les passe-droits dont bénéficient les Chinois les plus riches et les plus proches des milieux dirigeants sont nombreux. Les constructions réalisées au mépris de la loi fleurissent dans tout le pays.
A Shenzhen, une ville du sud de la Chine située à 2 000 kilomètres de Pékin, un temple traditionnel s’est également installé au sommet d’une tour d’habitation de 21 étages. «Il est très improbable qu’une telle construction au sommet d’une tour soit autorisée. On peut être quasiment certain qu’elle est illégale» explique Liu Minxing, un fonctionnaire local interrogé par le quotidien chinois Yangcheng Evening News. Pourtant, le propriétaire ne semble pas inquiété par les autorités. «Il doit avoir le bras long» explique un agent immobilier du quartier au Yangcheng Evening News.
Une corruption immobilière de plus en plus dénoncée
Ces passe-droits illustrent la corruption qui touche les secteurs de la construction et de l'immobilier en Chine.
En 2012, un programme social censé permettre à des millions de familles modestes de se loger a été entaché par le détournement de plus de 700 millions d’euros. Le Bureau national d’audit de la Chine, chargé de contrôler l’utilisation de l’argent public, a estimé que ces fonds ont été détournés pour financer des expropriations ou des démolitions. Il existe en effet des «arrangements» en ce sens entre élus locaux et promoteurs immobiliers. Les premiers ordonnent des expropriations et des démolitions utiles aux seconds en échange de pots-de-vin.
Mais cette corruption est aujourd'hui particulièrement dénoncée par la population qui souffre de la flambée des prix du logement.
En juillet 2013, Soufun.com, le plus grand site d’annonces immobilières chinois, faisait état d’une accélération de la hausse des prix. Le site révèle que le prix moyen du mètre carré dans les logements neufs de 100 grandes villes a atteint 10 300 yuans (1 250 euros), soit une augmentation de près de 8% en un an.
Face à cette indignation de la population, les autorités chinoises ont dû réagir. Les services municipaux de la capitale ont ordonné la démolition sous 15 jours de la villa sur la colline.
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