Cet article date de plus de six ans.

Conquête spatiale : des étudiants chinois s'enferment dans un module pendant plus d'un an pour une expérience

Le projet est de pouvoir faire vivre des humains sur d'autres planètes.

Article rédigé par Dominique André
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'espérience des scientifiques chinois a débuté en mai 2017. (JU HUANZONG / XINHUA)

La Chine prévoit d’envoyer des astronautes sur la Lune à l’horizon 2030. Pour s’y préparer, une expérience de confinement a été menée pendant plus d'un an dans une université de Pékin. Des étudiants volontaires se sont fait enfermer dans un laboratoire spatial pour trois séjours de 200, 60 et 110 jours, avec pour objectif de de tester la vie en autonomie.

Les étudiants sont sortis mardi 15 mai du Yuegong-1, en français "le palais lunaire", les bras chargés de tomates et de salades qu’ils ont cultivées dans ce module de 160 m2 installé au rez-de-chaussée d'un des bâtiments de l'université de Beihang.

Culture, sport et recherche scientifique

"Le premier jour où les vitres ont été occultées, ça a stressé tout le monde. On ne pouvait plus voir à l'extérieur, on avait l’impression d’être isolés sur une île", raconte Yi Zhihao, qui prépare un doctorat en biologie et qui vient de passer 110 jours dans ce laboratoire spatial. C'est son deuxième séjour en un an, ce qui lui a permis de s'adapter. "On s'est encouragés les uns les autres. On a commencé à communiquer avec l'extérieur, ce qui a fait disparaître rapidement cette sensation d'être seul au monde. Il n'y a pas presque pas de microparticules comme à l'extérieur. On mange nos fruits et nos légumes, on fait du sport, et on a des tâches collectives à faire."

Plusieurs étudiants se sont relayés pour cette expérience de plus d'un an. (LUO XIANGGUANG / XINHUA)

On vit bien à l'intérieur du laboratoire spatial. L’air n'est pas pollué comme dehors

Yi Zhihao, étudiant chinois qui a participé à l'expérience.

Le "palais lunaire" est composé de modules blancs reliés entre eux : deux sont réservés à la culture des légumes et à l'élevage des animaux, comme les vers, des protéines qui serviront à l’alimentation de l'équipage. L'autre espace est un lieu de vie de 42 m2 avec un espace commun, une salle de bain et le dortoir.

Un double intérêt pour la Chine

Chaque étudiant était chargé de mener une recherche scientifique. "J’ai fait des prélèvements de microbes dans l’air et dans l’environnement. J’ai aussi géré la santé des bénévoles", explique Hu Jingfei, l’une des deux filles volontaires.  l'intérieur, il fait entre 23 et 24 degrés, l'espace des végétaux est plus frais. Au début, on a souffert du bruit permanent des machines, mais on a fini par s’habituer. Tous les matins, on prenait notre tension artérielle, la température de notre corps et on se pesait."

Cela va nous aider à reproduire cet environnement à l'extérieur de la planète

Fan Yubo, professeur et microbiologiste.

La vie dans le laboratoire spatial a été suivie depuis une salle de contrôle pleine d'écrans. "Ce projet présente un double intérêt pour la Chine", confie Fan Yubo, microbiologiste et professeur à l’université. "Sur le plan scientifique, il est impossible de récupérer des données sur les interactions entre les humains, les végétaux, les animaux et les micro-organismes en milieu naturel. Pour cela, il faut un environnement fermé contrôlable."

Toute l'expérience a été dirigée depuis cette salle de contrôle. (LUO XIANGGUANG / XINHUA)

La Chine a investi des milliards d'euros dans son programme spatial sous le contrôle de l’armée, avec comme objectif de rattraper l'Europe et les États-Unis dans la conquête de l'espace.

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