Le souvenir du massacre de Tiananmen reste inexistant en Chine, trente-cinq ans après

Le 4 juin 1989, le parti communiste chinois ordonne à son armée de tirer sur des milliers de jeunes manifestants rassemblés sur la place Tiananmen. Trente-cinq ans après, le souvenir de ce massacre est effacé en Chine et peine à exister ailleurs.
Article rédigé par Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
Trente-cinq ans après le massacre de Tiananmen, c'est à l'étranger que son souvenir est évoqué. Photo d'illustration. (ANTHONY WALLACE / AFP)

La contestation avait commencé le 15 avril 1989, en Chine, lorsque des milliers de jeunes avaient envahi la place Tiananmen pour protester contre la corruption et demander des réformes politiques et démocratiques. Le 4 juin de la même année, le pouvoir chinois signe la fin du mouvement en ordonnant à l'armée de tirer sur les manifestants : aucun chiffre officiel n'existe, mais le nombre de victimes est estimé à plusieurs milliers, essentiellement des étudiants. Aujourd'hui, 35 ans plus tard, c'est à l'étranger que cette mémoire est évoquée avec un rassemblement est organisé lundi 4 juin à Paris.

Une chose est certaine, ce n'est pas en Chine que vit le souvenir de Tiananmen. Pour les autorités, le massacre n'a jamais eu lieu, de nombreux Chinois ignorent même et pour ceux qui l'ont vécu, c'est le silence qui s'est imposé. "Les gens qui n'étaient pas nés à l'époque n'ont certainement pas appris de leurs parents qu'il y avait eu une manifestation parce que les parents savaient que, s'ils parlaient de ça à leurs enfants, ils risquaient d'en faire des dissidents", explique la sinologue Marie Holzman.

Ni les Hongkongais, ni les Occidentaux

Le souvenir du massacre de Tiananmen, inexistant en Chine, s'efface aussi chez les Hongkongais qui le commémoraient pourtant tous les ans depuis 1989 : "C'étaient eux qui gardaient la mémoire de Tiananmen, reprend Marie Holzman. C'était eux qui se rassemblaient au parc Victoria par dizaines de milliers, avec le plus de ferveur."

La mémoire qui flanche, y compris chez les Occidentaux qui se révèlent être peu fiables lorsqu'il s'agit d'évoquer le massacre. D'après la spécialiste, "de temps en temps, les contrats avec la Chine les obnubilent" et évoquer Tiananmen est alors remis à "plus tard".

Le souvenir du massacre semble impossible. Pourtant, son ombre plane encore chez les dirigeants chinois. Ils ont tremblé à nouveau il y a deux ans lorsque, sortant du Covid et en guise de protestation contre le pouvoir, la jeunesse chinoise est descendue dans la rue en brandissant des feuilles blanches.

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