Les élections américaines vues de... Pékin
Il y a huit ans déjà, ils avaient affiché discrètement une nette préfèrence pour George W.Bush. Il y a quatre ans, le candidat républicain John Mc Cain semblait préférable au démocrate inconnu. Cette année, Barack Obama a la préférence. Non pas parce qu'on l'adore, mais parce qu'on le connaît.
La politique américaine, ces quatre dernières années, a été complexe, faite à la fois d'une grande vigilance et d'un dialogue constant.
Les Américains n'ont rien laissé passer depuis l'arrivée au pouvoir de Barack Obama
Ils ont réagi sur tout. Ils sont restés en pointe sur le problème de la parité du yuan (et obtenu un début de satisfaction sur ce point); en pointe sur les questions économiques avec des plaintes en cascade pour dumping sur les pneus ou les capteurs solaires et les droits de l'Homme n'ont pas été oubliés, même si le sujet est resté plus discret : on se souvient du dissident aveugle Chen Guangcheng, réfugié a l'ambassade américaine de Pékin et prestement expédié a l'hôpital, avant d'être autorisé à gagner les Etats-Unis.
Mais surtout, Barack Obama a mené une politique de containment (contenir les ambitions) à l'égard de la Chine, qui augmente chaque année fortement ses dépenses militaires, notamment navales. L'Amérique s'est rangée aux côtés de pays se trouvant confrontés aux ambitions de l'Empire du Milieu : il revendique la souveraineté sur la quasi totalité des îlots de la mer de Chine, plus proches pourtant des Philippines ou du Vietnam.
Une alliance potentielle pourrait ainsi unir les Etat-Unis au Vietnam dans un étrange retournement de l'histoire. Pour appuyer cette politique de containment, Barack Obama a annoncé le prochain déploiement de soldats américains en Australie, ce qui aurait dû provoquer la colère de Pékin.
Des dirigeants Chinois obsédés par les USA
En fait, la réaction chinoise a été modérée car, dans le même temps, le président américain multipliait les gestes de considération et maintenait un dialogue permanent avec les Chinois, recevant le futur N°1 chinois, Xi Jinping, envoyant en Chine sa secrétaire d'Etat ou son ministre de la Défense.
Obsédés par les Etats-Unis, seul pays qui compte au fond à leurs yeux, les dirigeants chinois – qui envoient volontiers leurs rejetons dans les universités américaines – se plaisent à penser que la réciproque est vraie. D'un autre côté, la direction chinoise se méfie du candidat républicain, Mitt Romney, qui a eu des paroles très dures a l'égard de la Chine. Il est pour eux otage du grand business – qui se lancerait volontiers dans une guerre économique – et d'une droite idéologique qui pense qu'un conflit avec la Chine est inévitable a terme.
Et les Chinois, avec tout cela ?
Eux aussi sont fascinés par les Etats-Unis, mais bien incapables sans doute, dans leur grande majorite, de se prononcer sur l'élection. La télévision et la presse rendent compte, assez objectivement, des principaux temps forts de la campagne, mais pas suffisamment pour susciter la passion. D'autant que l'élection américaine se télescope cette année avec le XVIIIe congres du Parti communiste chinois, prévu pour le 8 novembre...
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