"De fortes chances qu'il s'agisse de messages en provenance de Chine" : avant l'élection présidentielle à Taïwan, la désinformation bat son plein

À quelques heures de cette élection cruciale, les autorités taïwanaises accusent Pékin d'être à l'origine de la multiplication des fausses informations qui visent les partisans de l'indépendance.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les fake news et les informations mensongères se multiplient sur les réseaux sociaux taïwanais juste avant les élections. La plupart visant les partisans de l’indépendance. (I-HWA CHENG / AFP)

Cette vidéo, qui circule en ce moment sur les réseaux sociaux à Taïwan, ressemble à un vrai journal télévisé avec son studio et une journaliste, d'apparence très professionnelle. Mais les analystes taïwanais qui traquent les fake news sur les réseaux n’ont pas mis longtemps à s’apercevoir que ce JT est totalement faux. La présentatrice n’existe pas mais a été générée par l’intelligence artificielle.

À quelques heures de l'élection présidentielle qui doit se tenir samedi 13 janvier à Taïwan, les informations mensongères se multiplient sur internet et sur les réseaux sociaux. Depuis le début de la campagne électorale, ce genre de contenu est devenu très fréquent, avec des messages qui la plupart du temps s’en prennent aux partisans de l’indépendance.

La Chine accusée d'être derrière ces fausses informations

Des fausses informations que les autorités taïwanaises attribuent à la Chine, qui est accusée de vouloir ainsi interférer dans le choix des électeurs. Parmi ces fausses informations, une vidéo explique par exemple que la présidente sortante Tsai Ing-wen a trahi Taïwan parce que sa famille a collaboré avec les Japonais.

Pour Hung Kuo Chun, de l’organisation Watch out qui surveille cette désinformation, il y a des indices très clairs montrant que la Chine est derrière certains messages. "On peut l'observer à travers de petites choses. Par exemple, ici à Taïwan nous utilisons des caractères chinois traditionnels alors que la Chine utilise les caractères chinois simplifiés qu'on peut voir dans les messages. Il y a aussi dans la terminologie dans le choix de certains mots. Dans ce cas il y a de fortes chances qu'il s'agisse de messages en provenance de la Chine", explique-t-il.

Plus de 10.000 contenus considérés comme des interférences chinoises recensés par une ONG

L’objectif est d’influencer les électeurs et déstabiliser la démocratie taïwanaise. Pour Ching Yang, de l’ONG Doublethink lab, qui recense les ingérences chinoises à Taïwan, il y a un vrai risque. "Je pense que ce type de vidéo peut avoir de l'influence sur certains Taïwanais. Les contenus sont très riches, il y a un mélange entre les informations locales et les opinions chinoises. Pour ceux qui ne suivent pas trop la politique, comme la jeune génération, c'est possible qu'il y ait une confusion", affirme ce spécialiste.

Des messages qui, effectivement, déstabilisent les jeunes électeurs taïwanais. "J'ai vu de fausses informations en ligne et j'en ai parlé avec mes amis. En général, si on considère le nombre de fois où l'information est mentionnée, cela veut dire qu'elle devrait être vraie", juge l'un d'eux.

Depuis le début de la campagne électorale, les analystes de Doublethink lab ont déjà répertorié plus de 10.000 contenus et vidéos considérés comme des interférences chinoises dans l’élection présidentielle. 

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