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Trois questions sur la future chute dans l'atmosphère du laboratoire spatial chinois Tiangong-1

La Chine a admis à demi-mots qu'elle avait perdu le contrôle de son module spatial et qu'elle ne pouvait prévoir l'endroit exact où d'éventuels débris tomberont sur la planète. Mais la chute est prévue "courant 2017".

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Cette capture d'écran de la télévision chinoise montre la capsule spatiale habitée Shenzhou-10 à quai avec le laboratoire spatial Tiangong- 1, le 13 Juin 2013. (LI JUNFENG / IMAGINECHINA / AFP)

Les autorités chinoises ont annoncé, mercredi 14 septembre, que leur laboratoire spatial Tiangong-1 allait tomber dans l'atmosphère terrestre dans la seconde moitié de l'année 2017. La Chine a ainsi admis à demi-mots qu'elle avait perdu le contrôle de son module et qu'elle ne pouvait prévoir l'endroit exact où d'éventuels débris tomberont sur la planète. Y a-t-il vraiment un risque pour les populations ? Explications. 

1Qu'est-ce que le laboratoire Tiangong-1 ?

Il s'agit du premier laboratoire spatial envoyé en orbite par la Chine en septembre 2011. La conquête de l'espace, coordonnée par l'état-major militaire, est perçue en Chine comme un symbole de la nouvelle puissance du pays sous l'égide du Parti communiste. Baptisé "Palais Céleste", il était en service depuis quatre ans et demi, deux ans et demi de plus que sa durée de vie prévue. L’appareil a initié le programme spatial chinois, en effectuant le premier arrimage d'un vaisseau chinois inhabité dans l’espace en novembre 2011. Ont suivi l'amarrage de vols habités, Shenzhou-9 et Shenzhou-10. Comme l'explique le site Russia Today, la station a notamment surveillé durant cinq ans d'existence des phénomènes naturels sur Terre, notamment des feux de brousse en Australie et des inondations en Chine. 

Les derniers taïkonautes (le nom des spationautes chinois) présents à bord l'ont quitté en juin 2013. La station a continué à fonctionner de façon autonome jusqu'à ce que la transmission des données soit interrompue en mars 2016. "Le laboratoire spatial est actuellement intact et en orbite à une altitude moyenne de 370 kilomètres", a indiqué lors d'une conférence de presse Wu Ping, le directeur du bureau de l'ingénierie spatiale de la Chine, lors d'une conférence de presse.

2Est-il vraiment hors de contrôle ? 

Peu après sa mise hors service en mars 2016, des rumeurs ont fait état d'une perte de contrôle de Tiangong-1 par la Chine. Comme le rappelle The Washington Post (en anglais), un observateur amateur de satellites, Thomas Dorman, a averti la Nasa que, sur la base de ses observations, le laboratoire spatial de huit tonnes était hors de contrôle.

Selon The Guardian (en anglais), l'annonce par les autorités chinoises de la chute de Tiangong-1 dans l'atmosphère courant 2017 confirme ces observations. Car si le laboratoire spatial n'avait pas connu de défaillance technique ou mécanique, sa désorbitation aurait pu être contrôlée en vue de le faire tomber à un moment et à un endroit précis.  C'est ce qui se passe pour la plupart des vaisseaux spatiaux et satellites, qui finissent généralement leur course à environ 4 000 km à l'est de la Nouvelle-Zélande, une zone de l'océan Pacifique connue pour être un cimetière de débris spatiaux, tels que ceux de la station russe Mir.

3Y a-t-il un risque pour les Terriens ? 

"Sur la base de nos calculs, la plupart des parties du laboratoire spatial vont brûler pendant leur chute dans l'atmosphère", a rassuré Wu Ping, ajoutant que Tiangong-1 était peu susceptible d'affecter les activités aériennes ou causer des dommages au sol. Petite précaution tout de même, la Chine a indiqué qu'elle allait continuer à suivre l'évolution de sa station afin d'alerter les autorités internationales en cas d'éventuelle collision avec des objets. "La Chine va attendre la dernière minute pour que le monde sache qu'il a un problème avec leur station spatiale", avait prédit Thomas Dorman.

Selon Jonathan McDowell, un astrophysicien de Harvard cité par The Guardian, "il est impossible de prédire où les débris de la station spatiale vont atterrir". "Un léger changement dans les conditions atmosphériques pourrait modifier le site d'atterrissage d'un continent à l'autre", précise-t-il. 

Si la plupart des huit tonnes de la station spatiale devraient fondre lors de leur passage dans l'atmosphère, certaines parties, telles que les moteurs de fusée, sont si denses qu'ils ne brûleront pas complètement, prévient Jonathan McDowell. "Il y aura des morceaux d'environ 100 kilos ou plus, assez pour vous donner un mauvais coup de poing méchant s'ils vous tombent dessus", a-t-il ironisé.

Le Washington Post, lui, relativise : les risques que Tiangong-1 tombe dans une zone habitée sont très faibles, la moitié de la population mondiale vivant sur seulement 2,9% de la surface de la Terre. En 1 000 ans, aucune météorite n'a jamais tué personne, rappelle le quotidien américain. Croisons les doigts.

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