Les déplacés de Chypre rêvent de rentrer chez eux
«C'est la maison que nous avons construite. Et on n'a même plus le droit de la visiter», se lamente Demetris Eliades, Chypriote grec forcé à l'exil il y a 40 ans. Avec l'ouverture du premier point de passage, en avril 2003, les «réfugiés» ont réussi à se rendre de l'autre côté du mur pour voir ce qu'était devenu leur lieu d'origine. Des retrouvailles émouvantes. «Le plus important, ce nétait pas les maisons ou les rues, mais les souvenirs des gens et des choses vécues», raconte Tulin Koseoglu, une quinquagénaire chypriote turque dont la maison d'enfance a été rasée.
La question de la restitution des propriétés spoliées après la guerre ou de l'indemnisation de leur propriétaire est une des pierres d'achoppement dans les négociations de réunification. Un dossier d'autant plus enlisé que la crise économique a tari les fonds nécessaires pour trouver un compromis.
Quelques optimistes attendent avec impatience une réunification pour revenir vivre chez eux. Cleanthis Adamou traverse chaque semaine la zone tampon pour arpenter les rues de son village natal, Potamos Tou Kambou, rebaptisé Gemikonagi en turc: «Je me sens toujours chez moi», dit-il, espérant qu'un jour une réunification de l'île lui permette de revenir habiter sa maison.
Après 40 ans de division, «il est difficile d'envisager un retour à grande échelle des déplacés», estime le porte-parole de la mission de l'ONU à Chypre, Michel Bonnardeaux. «Les gens ne vont pas retourner au nord tout seuls dans un endroit qui a changé de nom, où plus personne ne parle leur langue.» Il sera d'ailleurs difficile de remettre sur pieds des écoles, des hôpitaux et d'autres services pour les déplacés.
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