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Comment Laurent Ponsot a démasqué le fraudeur de grands crus

Son procès doit s'ouvrir le 9 décembre. Rudy Kurniawan, c'est ce sino-indonésien arrêté l'an dernier, accusé d'avoir vendu pendant une dizaine d'années des fausses bouteilles de grands crus. Jusqu'au jour où il a essayé de vendre, aux enchères, des bouteilles du domaine Ponsot.. qui se sont toutes révélées fausses.
Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Guillaume Gaven Radio France)

Un heureux concours de circonstances. Le hasard. Ou une erreur de débutant. Appelez ça comme vous voudrez. Un peu de tout, sans doute... C'est donc l'histoire d'un vigneron bourguignon, Laurent Ponsot, qui est devenu chasseur de faux vins.

Un peu flatté au début, puis franchement agacé, Laurent Ponsot voyait de fausses bouteilles de ses grands crus fleurir un peu partout, sans qu'il puisse faire grand chose. La rançon de la gloire, pensait-il. Après tout, quand on est à la tête d'un des quatre ou cinq domaines bourguignons les plus recherchés, difficile d'y échapper...

Le déclic, c'est un beau jour d'avril 2008 qu'il se produit, quand il reçoit un courriel d'un de ses amis, à New York. Celui-ci lui demande depuis quand son domaine - l'un des plus prestigieux de Bourgogne - produit du Clos Saint-Denis, un grand cru. Pourquoi ? répond-il. Et son ami de lui expliquer que, le surlendemain, la maison Acker Merrall & Condit organise une prestigieuse vente aux enchères, lors de laquelle 84 bouteilles du domaine Ponsot seront vendues.

83 bouteilles fausses sur 84

Parmi elles, du Clos Saint-Denis des années 40, 50, 60. Laurent Ponsot s'étrangle : le domaine ne produit ce grand cru que... depuis 1982 ! Le faussaire avait fait une erreur de débutant. Il téléphone alors au commissaire-priseur, mais l'engagement verbal qu'il obtient de retirer les bouteilles de la vente ne le convainc qu'à moitié. Il saute alors dans un avion, arrive pendant la vente. Et parvent à la stopper in extremis. Au final, 83 des 84 bouteilles étaient fausses...

C'est le début du scandale Kurniawan, qui conduira à son arrestation, quatre ans plus tard. Laurent Ponsot décide d'en savoir plus, et s'invite à déjeuner avec l'organisateur de la vente et ce prestigieux collectionneur. A l'époque, il veut juste savoir d'où viennent ces fausses bouteilles - si le collectionneur est une victime ou un faussaire. Ses réponses pour le moins évasives le font pencher pour la seconde hypothèse. "On ne peut pas vendre des bouteilles aussi rares sans savoir d'où elles viennent" .

Le FBI s'en mêle

"C'est à cette minute-là que j'ai décidé d'entamer une croisade" , ajoute-t-il. Rien de moins. Pendant les deux années qui ont suivi, Laurent Ponsot, au cours de ses nombreux déplacements, suit des pistes, remonte des liens. Bref, il mène sa petite enquête. Jusqu'au jour où il reçoit un coup de fil du FBI - très intéressé par le personnage de Rudy Kurniawan. "A ce moment-là j'en savais beaucoup plus qu'eux. J'avais beaucoup plus de matière."

L'enquête s'intensifie. Les 28 et 29 février 2012, Laurent Ponsot retourne à New York pour "finaliser des détails qui pour moi n'avaient pas beaucoup d'importances, mais en avaient pour le FBI" . Une semaine après, Rudy Kurniawan est arrêté, dans la banlieue de Los Angeles.

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