Cet article date de plus d'un an.

Haut-Karabakh : "C'est un sentiment de redite, cauchemardesque, je ne pensais jamais assister à ça", déclare André Manoukian

"Je ne pensais jamais assister à ça", a notamment expliqué l'auteur-compositeur d'origine arménienne. Pour lui, il faut faire appel à l'Europe "pour débloquer la crise humanitaire mais surtout il faut envoyer des observateurs".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
André Manoukian à Marseille, en novembre 2021. (NICOLAS VALLAURI / MAXPPP)

"C'est un sentiment de redite, cauchemardesque, je ne pensais jamais assister à ça", a déclaré ce jeudi sur franceinfo André Manoukian, auteur-compositeur d'origine arménienne, alors que l'Arménie appelle la communauté internationale à "agir" face au "nettoyage ethnique" au Nagorny Karabakh.

>> Haut-Karabakh : sur la route de l'exode avec les Arméniens qui fuient la région

franceinfo : Que pensez-vous de l'évolution de la situation ?

C'est un sentiment de redite, cauchemardesque. Je ne pensais jamais assister à ça. On se bat pour une reconnaissance d'un génocide qui n'a jamais été reconnu par les enfants de ceux qui l'ont perpétré (en 1915). Je me disais que ce serait bien qu'on avance et là les choses recommencent avec les mêmes exactions, avec la même technique. Quand j'entends parler de séparatistes je veux rappeler que les 120 000 Arméniens en question sont nés là, mais cela fait partie de l'Arménie ancestrale. C'est le berceau, il y a 400 églises, des monastères. On sait très bien ce que font les Azéris quand ils récupèrent un territoire, ils commencent par détruire les églises, ils saccagent les cimetières. On est dans une histoire de haine inextinguible avec des appels à la violence, des primes données pour décapitation.

Vos parents vous ont-ils raconté ce qu'il s'est passé à l'époque ?

Les récits de 1915 m'ont été épargnés par mes parents et je les remercie pour ça. Je l'ai découvert après. Je ne pensais pas le revivre. Aznavour avait fait une chanson "Ils sont tombés" sur le génocide arménien. Il disait : pendant que mes ancêtres se faisaient massacrer l'Europe découvrait le jazz. Là, l'Europe n'est pas en train de découvrir le jazz. On peut voir Ursula von der Leyen avec un grand sourire, serrer la main d'un dictateur sanglant qui s'appelle Aliev (le président azerbaïdjanais) tout ça pour acheter du pétrole russe. On est dans une situation assez folle, on ne se retrouve plus qu'avec des ennemis partout et avec l'Europe et les Etats-Unis qui disent aux Arméniens venez vers nous... Mais si on ne fait que des déclarations pieuses cela ne sert à rien. La situation est urgente.

Emmanuel Macron disait que la France était vigilante à l'intégrité territoriale de l'Arménie ?

Cela veut dire quoi ? On observe ce qui se passe ? Ces gens-là ne comprennent que la force et s'il n'y a pas une force internationale qui vient demain c'est l'Arménie dans son intégrité qui est menacée. On sait qu'ils veulent récupérer le Sud pour relier l'Azerbaïdjan. Les seuls qui s'opposent à ça ce sont les Iraniens. C'est une situation cauchemardesque. Il faut qu'on s'unisse tous, tous les Arméniens de la diaspora, qu'on fasse un appel à l'Europe pour envoyer des gens là-bas pour débloquer la crise humanitaire mais surtout il faut envoyer des observateurs. Il faut peut-être aussi les menacer de ne plus acheter leur pétrole.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.