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Corées: la guerre psychologique du sapin de Noël relancée

Après avoir démantelé l’ancienne tour de Noël, située à la frontière entre les deux Corées, la Corée du Sud s’apprête à accueillir un nouvel édifice, haut de 9 mètres et qui sera illuminé pour les fêtes de Noël. Cette nouvelle construction devrait sans aucun doute irriter la Corée du Nord et relancer les tensions entre les deux Etats.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'arbre de Noël sud-coréen, de 20 mètres de haut, en acier, était situé à 3 km de la ligne de démarcation entre les deux corées. (Reuters / Jo Yong-Hak)

Au nom de la liberté de culte, le Conseil chrétien de Corée (CCC) a obtenu gain de cause auprès du ministère de la Défense sud-coréen. Ce dernier a autorisé l’organisation chrétienne à construire une nouvelle tour en forme de sapin de Noël, qui sera illuminée du 23 décembre au 6 janvier 2015. Elle sera moins haute que la précédente, qui mesurait 20 mètres, dressée il y a 43 ans à environ 3 km de la ligne de démarcation entre les deux Corées.
 
Cet édifice, décoré au moment de Noël de lampions et orné d'une croix géante, était une provocation intolérable pour le régime communiste athée de Pyongyang. Accusant le Sud de guerre psychologique, les autorités nord-coréennes avaient même menacé de bombarder l'édifice en acier. 

Le mois dernier Pyongyang avait mis en garde contre «les conséquences catastrophiques» de toute tentative de reconstruction. «La tour n'est pas un outil religieux mais le symbole des tentatives maniaques pour accroître les tensions transfrontalières et provoquer des confits armés», avait indiqué l'agence officielle KCNA.
 
Bien que la liberté de culte soit garantie par la Constitution nord-coréenne, dans les faits, aucune liberté de religion n’est tolérée dans le pays. Les activités religieuses sont exclusivement réservées à des groupes reconnus officiellement par le régime. La population se doit de vouer un culte sans faille à ses dirigeants.

Illuminée au gré des tensions 

L'ancienne tour était illuminée, ou pas, au gré des tensions et événements transfrontaliers. Le ministère sud-coréen de la Défense a expliqué l'avoir démantelée pour des raisons de sécurité, une décison «sans rapport avec les relations intercoréennes», avait à l'époque assuré un porte-parole.

En 2004, les deux Corées avaient conclu un accord en vue de cesser les exercices de propagande officiels près de leur ligne de démarcation et le Sud avait accepté de ne plus allumer cet immense arbre de Noël. Les tracts hostiles au régime nord-coréen lâchés au-dessus de la frontière avaient également cessé, ainsi que les messages de propagande lancés par haut-parleur.

Mais Séoul a rompu cet accord en 2010 dans un contexte de fortes tensions provoquées par le torpillage d'une corvette sud-coréenne dont Séoul avait accusé le Nord.



En 2011, avec le décès du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il, le sapin est resté éteint, de même qu'en 2013, en raison d'un regain de tensions entre les deux Etats, après de nouvelles sanctions votées par le Conseil de sécurité de l'ONU contre Pyongyang.

Le démantèlement de la tour avait coincidé avec l'accord visant à relancer le dialogue intercoréen de haut niveau, conclu lors d'une visite inattendue au Sud de trois hauts dirigeants nord-coréens dont le pays est isolé et étranglé par les sanctions économiques internationales. Pyongyang pourra-t-il relancer les négociations à Six (les deux Corées, Russie, Japon, Chine et Etats-Unis) afin d'obtenir une aide financière en échange d'un arrêt de son programme nucléaire? Pas sûr que la reconstruction du sapin de Noël améliore les relations intercoréennes.

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