Crash du vol MH17 : un crime de guerre, pour l'ONU
Chaque terme a beau avoir été pesé à l'avance, voilà qui ressemble à un véritable réquisitoire : l'avion malaisien abattu par un missile, "Cette violation de la loi internationale, compte tenu des circonstances, pourrait s'assimiler à un crime de guerre" . C'est Navi Pillay, la Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, qui s'en émeut publiquement.
Le Comité international de la Croix-Rouge a indiqué la semaine dernière qu'il considérait que les combats en Ukraine constituaient une situation de guerre civile, ce qui permet de poursuivre en justice les auteurs d'infractions graves du droit internationale, comme les crimes de guerre, devant notamment les tribunaux internationaux.
Les lieux du crash inaccessibles
Et Navi Pillay de poursuivre : "Tout sera fait" pour que les responsables de ce drame "quels qu'ils soient, soient traduits en justice" . "Il est impératif qu'une enquête rapide, minutieuse, efficace et indépendante puisse être menée sur cet événement" .
C'est tout le problème d'ailleurs : pour l'instant, les experts internationaux ont eu un accès plus que limité au site du crash, contrôlé par les insurgés. Des policiers néerlandais et australiens s'y sont cassé les dents hier, en raison des combats qui se déroulent à proximité ; leur tentative, aujourd'hui, s'est soldée par un nouvel échec. A cause d'explosions à proximité.
Car sur place, les combats font rage. Les forces ukrainiennes ont annoncé ce lundi midi être entrées dans plusieurs villes, jusque-là sous contrôle des prorusses : Chakhtarsk et Torez, à l'est de Donetsk. Et avoir repris une colline, stratégique, à Savour-Moguyla - qui se situe à 25 km du crash. Au nord de Donetsk, les forces ukrainiennes ont aussi repris la ville de Debaltseve, et renforcé leurs effectifs pour reconquérir le bastion rebelle de Gorlivka.
Une "décompression explosive"
Les boîtes noires du Boeing ont commencé à parler. Selon le Elles révlèent que l'avion a bien été détruit par des éclats d'obus, provenant d'un tir de roquette. Selon le Conseil national de Sécurité et de Défense ukrainien, la cause de l'explosion est une "décompression liée à une forte explosion" . Le Bureau néerlandais qui est officiellement en charge de l'enquête n'a ni confirmé ni informé cette révélation. "Nous attendons d'avoir une idée plus complète de ce qui s'est passé, plutôt que de publier des fragments d'information ici et là" , explique la porte parole.
Une enquête objective, c'est pourtant ce que continue à réclamer Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères. La Russie est sous le coup de sanctions internationales. Le ministre, un peu irrité, sait se faire un peu plus menaçant : "Tout ce qui ne constitue pas une participation honnête et ouverte de tous ceux qui ont accès à des informations concernant le crash sera considéré comme une tentative d'influencer l'enquête, mettant en doute le respect de la présomption d'innocence" .
Reste que le temps presse : si les combats se poursuivent dans la région, des preuves pourraient se perdre. Et les chances de retrouver les restes des 298 morts s'amincissent avec le temps, prévient le vice-commissaire australien à la sécurité nationale, Andrew Colvin.
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