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La vente de deux porte-hélicoptères Mistral à la Russie embarrasse Paris

Londres et Washington dénoncent la vente de ces deux navires alors que les relations avec Moscou se tendent encore en raison de la crise en Ukraine.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Le "Vladivostok", premier porte-hélicoptères Mistral qui doit être livré à la Russie, photographié en mai 2014 à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). (JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)

Quand les intérêts économiques se heurtent à la raison diplomatique. Alors que les relations avec la Russie se tendent encore davantage après le crash de l'avion de Malaysia Airlines au-dessus de l'est de l'Ukraine, la vente par Paris de deux porte-hélicoptères Mistral à Moscou suscite un tollé à Washington et Londres. Avant la réunion des Vingt-Huit européens à Bruxelles, mardi 22 juillet, qui pourrait déboucher sur de nouvelles sanctions contre la Russie, francetv info détaille les arguments des uns et des autres.

Londres vent debout contre la vente des Mistral

Pour le Premier ministre britannique, David Cameron, partisan d'une plus grande fermeté vis-à-vis de la Russie, le contrat pour la livraison de porte-hélicoptères Mistral à la Russie, qui embarrasse la France depuis le début de la crise en Ukraine, est "impensable".

"Il nous faut faire pression, avec tous nos partenaires, pour dire que nous ne pouvons continuer à faire des affaires comme à l'accoutumée avec un pays qui se comporte de cette façon", a dit le chef des conservateurs britanniques lors d'un discours à la Chambre des communes. "ll est temps de faire sentir notre pouvoir, notre influence et nos ressources." David Cameron estime que le temps est venu de passer au "stade trois" des sanctions, une série de mesures visant des secteurs spécifiques de l'économie russe.

"La Russie ne peut pas s'attendre à continuer à bénéficier de l'accès aux marchés européens, au capital européen, à la connaissance et au savoir-faire technique européens alors qu'elle alimente le conflit chez l'un de nos voisins européen", a en outre déclaré David Cameron.

Un haut responsable de l'administration américaine a embrayé en déclarant que les Etats-Unis étaient opposés à la vente des navires Mistral français. Le président américain, Barack Obama, s'était déjà ému de ce contrat, déclarant début juin qu'il "aurait été préférable" que la France suspende la vente de ces porte-hélicoptères.

Hollande ne recule pas

Interrogé lundi soir lors du dîner de l'Association de la presse présidentielle, François Hollande a exclu de revenir sur la vente du premier Mistral : "Le marché a été conclu en 2011, le bateau est quasiment achevé et doit être livré en octobre." La livraison de ce navire construit à Saint-Nazaire aura donc bien lieu, a martelé le chef de l'Etat : "Les Russes ont payé. Il faudrait qu'on rembourse 1,1 milliard d'euros" si le bateau n'était pas livré.

Concernant le second bâtiment, François Hollande s'est montré moins catégorique. "Cela dépendra de l'attitude la Russie. Je le dis très clairement, a-t-il déclaré. Mais à ce stade, il n'y a pas de sanction décidée qui nous obligerait à renoncer."

On explique de source française que seules des sanctions décidées par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne pourraient empêcher la livraison de ce deuxième bâtiment de guerre, ce qui n'est actuellement pas à l'ordre du jour. Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne qui se réunissent mardi, pourraient en effet s'accorder sur un durcissement des sanctions, mais ces dernières ne porteront pas sur les livraisons militaires, selon cette source. "La France veut pour l'instant que les sanctions soient financières, ciblées et rapides", dit-on dans l'entourage du président français.

Pour Moscou, la France a plus à perdre que la Russie

Le vice-Premier ministre russe, Dmitri Rogozine, doute que la France annule la vente de navires de guerre en dépit des pressions exercées par Londres et Washington. "On parle de milliards d'euros... Les Français sont très pragmatiques et je doute que le marché soit annulé", a-t-il déclaré à l'agence Reuters. Et d'ajouter : "La suspension de ce marché serait bien moins préjudiciable à la Russie qu'à la France."

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