Anne Hidalgo rend hommage au Che Guevara, "icône militante et romantique", et reçoit une volée de critiques
Dans le cadre d'une exposition à l'hôtel de ville, la maire de Paris a rendu hommage au révolutionnaire cubain sur Twitter. Un soutien critiqué sur les réseaux sociaux.
"Avec l'exposition 'Le CHE à Paris', la capitale rend hommage à une figure de la révolution devenue une icône militante et romantique." A l'occasion d'une exposition organisée à la mairie de Paris sur Ernesto Che Guevara, Anne Hidalgo a salué sur Twitter, jeudi 28 décembre, le parcours du révolutionnaire marxiste, dirigeant de la révolution cubaine entre 1953 et 1959.
Avec l'exposition Le CHE à Paris, la capitale rend hommage à une figure de la révolution devenue une icône militante et romantique. A découvrir gratuitement à l'Hôtel de Ville de #Paris ✊
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 28 décembre 2017
https://t.co/FVu0FYQlPo pic.twitter.com/C2ZRZDbFNU
"Un des pires dictateurs du XXe siècle"
Des qualificatifs jugés peu appropriés par plusieurs personnalités sur Twitter, dénonçant la "glorification" d'"un des pires dictateurs du XXe siècle"."Le Che : plus de 200 morts de ses mains, 1 700 fusillés, 4 000 internés la première année de la prise de La Havane. Hidalgo ose toutes les indignités... C'est aussi à ça qu'on la reconnaît", écrit Valérie Boyer, députée LR des Boûches-du-Rhône.
#LeChe : Plus de 200 morts de ses mains, 1700 fusillés, 4000 internés la première année de la prise de #LaHavane. #Hidalgo ose toutes les indignités... c'est aussi à ça qu'on la reconnaît https://t.co/TBEj3OS115
— Valérie Boyer (@valerieboyer13) 29 décembre 2017
Le conseiller régional d'Ile-de-France (LR), Pierre Deniziot, qualifie l'homme de "criminel communiste" et estime que la maire de Paris fait preuve de "révisionnisme".
Anne #Hidalgo rend hommage à #CheGuevara, criminel communiste mais icône "romantique" selon elle... Comment laisser passer ce dérapage qui n'est ni plus ni moins que du révisionnisme ? https://t.co/y4lYCMtSKc
— Pierre Deniziot (@pierredeniziot) 29 décembre 2017
Le philosophe Raphaël Enthoven estime que la maire met sur le même plan meurtres et romantisme : "En 2019, Anne Hidalgo prévoit une exposition sur la tendresse khmère intitulée 'Touche pas à mon Pol Pot'", écrit-il.
Magnifique ! Meurtres et romantisme à @Paris ❤️
— Raphaël Enthoven (@Enthoven_R) 29 décembre 2017
Que pèsent les victimes du #Che à coté d'un hommage à leur bourreau ?
En 2019, @Anne_Hidalgo prévoit une exposition sur la tendresse khmère intitulée "touche pas à mon Pol Pot".
Voici le temps des assassins... https://t.co/BHp5izwFEK
Surnommé par l'ancien président de Cuba, Fidel Castro, "el polyfacético" ("le multifacette"), Ernesto Guevara de la Serna, né le 14 juin 1928 à Rosario en Argentine, a été exécuté le 9 octobre 1967 à La Higuera en Bolivie, et est l’une des figures les plus importantes de la révolution cubaine, écrit le site de l'exposition.
Cinquante ans après sa mort, l'homme politique reste contesté : 'Il y a deux Che Guevara. D'un côté, le héros romantique, immortalisé par la sublime photo d'Alberto Korda (...) Et d'un autre côté, il y a un second 'Che', au-delà du mythe, et plus proche de la réalité", précise Slate, décrivant un "idéologue dogmatique ; le procureur des tribunaux révolutionnaires et l'assassin de prisonniers politiques."
"Ils feraient bien d'aller voir l'exposition avant d'en parler"
"Il faut lire précisément ce qu'Anne Hidalgo a écrit", répond la mairie de Paris. "Elle ne dit pas 'Vive Che Guevara', elle ne dit pas qu'il est une icône romantique mais qu'il l'est devenu", précise-t-elle à franceinfo, appuyant bien sur ce dernier mot.
Pour le service communication de la capitale, le tweet d'Anne Hidalgo ne comprend donc aucun jugement. "Il est faux de dire que Che Guevara n'est pas devenu une icône romantique. Il l'est pour un tas de gens. Sa tête se trouve sur des tee-shirts, des sacs, etc. L'exposition parle justement de l'écart entre la réalité et la légende", tient à souligner la mairie. "Tout l'enjeu de l'exposition, c'est de questionner cette réputation, de savoir comment la légende s'est construite", ajoute la mairie. Pour elle, la polémique "a été instrumentalisée par l'extrême droite". "Tous ceux qui se posent des questions feraient bien d'aller voir l'exposition avant d'en parler", conclut la mairie.
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