: En images Comment le rapprochement avec les Etats-Unis change le visage de La Havane
Beaucoup craignent que le réchauffement des relations avec les Etats-Unis ne coûte à Cuba son charme et sa culture si particulière, hérités de plus d'un demi-siècle de régime communiste. Mais, pour l'instant, les changements restent subtils. Du moins, en apparence.
Le temps s'accélère à Cuba. Alors que les relations diplomatiques étaient rompues depuis 1961 entre l'île et les Etats-Unis, tous deux ont officiellement rouvert lundi 20 juillet leurs ambassades à La Havane et Washington. Cette nouvelle étape concrète du rapprochement engagé fin 2014 par Barack Obama et Raul Castro se traduira dans les semaines qui viennent par l'installation du drapeau américain sur l'ambassade des Etats-Unis, à La Havane.
Mais il ne s'agit pas du seul changement dans le paysage local. Francetv info a relevé quatre nouveautés, symptomatiques du rapprochement entre les deux pays ennemis.
1Les internautes fleurissent sur les trottoirs
Les jeunes gens qui font le "New Cuba" (nouveau Cuba) ont beau être aussi branchés que les "hipsters" new-yorkais, ils sont parmi les moins connectés au monde. Au pays de Fidel Castro, à peine 3,4% des foyers disposaient d'un accès au réseau en 2013, selon l'Union internationale des télécommunications (UIT). Jusqu'à la révolution, le 1er juillet 2015. Ce jour-là, pour la première fois à Cuba, le monopole national des télécommunications (Etecsa) a ouvert 35 espaces de connexions via un réseau wifi payant.
Sur la rue "23", artère populaire de la capitale, plusieurs émetteurs wifi ont été installés sur les façades des immeubles. Sur les trottoirs, les Cubains se massent, smartphone à la main ou ordinateur sur les genoux (voire les deux), afin de profiter de cette nouvelle liberté qui coûte cher : dans un pays où le salaire moyen ne dépasse pas 20 dollars, il faut compter 1,50 dollar pour se créer un compte sur le service public de messagerie internet Nauta, puis deux dollars pour surfer pendant une heure.
En marche, la révolution numérique reste toutefois contrôlée par le régime : selon Global Voice (en anglais), le gouvernement a refusé de confier au tout-puissant Google le développement d'un réseau gratuit sur l'île.
2Les drapeaux américains s'affichent partout
Ces derniers mois, et depuis l'annonce de la reprise des discussions entre les deux pays, en décembre 2014, la bannière étoilée s'est déployée partout. Sur des tee-shirts, des pantalons, des bandanas, mais aussi sur des autocollants ou à la fenêtre des maisons, le motif se décline et se porte fièrement, au grand dam des autorités, rappelait le New York Times, en avril.
3Les touristes américains affluent à La Havane
Au cours des cinq premiers mois de l'année 2015, 1,7 million de personnes ont visité Cuba, soit 15% de plus que l'année précédente sur la même période, a rapporté Bloomberg (lien en anglais). Ces touristes viennent en majeure partie du Canada (+14% sur un an), mais ne sont pas canadiens pour autant, relève le site. Et pour cause, passer par le voisin du Nord permet aux Américains de contourner les restrictions qui leur sont imposées dès lors qu'ils veulent fouler le sol de l'île communiste. Pendant que les enseignes américaines rongent leur frein en attendant une éventuelle levée de l'embargo (comme cette chaîne de fast-foods et cette enseigne de fitness citées par le New York Times), les touristes américains se pressent pour profiter d'une île authentique, avant qu'elle ne soit dénaturée par... les touristes américains.
Alors que plusieurs projets de complexes hôteliers de luxe devraient sortir de terre d'ici 2020, le géant américain des croisières Carnival Cruise a d'ores et déjà annoncé la création d'une liaison entre l'île et la Floride, qualifiant d'"échange culturel" cette virée tout confort.
4Des panneaux à vendre se multiplient sur les maisons
Depuis 2011, les Cubains sont autorisés à vendre ou à acquérir des biens immobiliers (jusqu'alors échangés entre familles selon un système de troc). Le marché de l'immobilier, boosté par les achats réalisés par des Cubains de la diaspora, a fait de l'île un potentiel eldorado immobilier, détaille le Wall Street Journal, rappelant que peu de locaux ont les moyens de réaliser de telles transactions. Dans les starting-blocks, les agents immobiliers (une profession toute jeune sur l'île) s'attendent à un "boom" sans précédent si les Américains sont un jour de nouveau autorisés à acheter des logements sur l'île. Dans les rues de la capitale, les panneaux "se vende esta casa" traduisent cette nouvelle dynamique, inimaginable il y a encore quatre ans.
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