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Dans les Kibboutz d'Israël, la peur d'une nouvelle guerre

REPORTAGE | Si les Gazaouis ont payé un très lourd tribu dans le conflit israélo-palestinien, avec plus de 2.000 morts, les Israéliens qui habitent le Sud du pays ont également été la cible de tirs de roquettes continuels. La plupart vivent en communauté dans des Kibboutz. Après s'être enfuis pendant le conflit, ils sont presque tous revenus, toujours aussi inquiets.
Article rédigé par Sébastien Laugénie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Un homme regarde une voiture carbonisée dans un kibboutz, à la frontière de Gaza, le 25 août dernier © Tsafrir Abayov/AP/SIPA)

Ces Israéliens vivent à quelques kilomètres de la bande de Gaza, entre deux et six kilomètres à vol d'oiseau. Il y a ici près d'une centaine de communautés. Des villages qui rassemblent des milliers de personnes.

Comme à Zikim,à 2.5 km au Nord de la bande de Gaza. C'est là que vit Danielle. Juive tunisienne à la retraite. Elle a préféré rester dans son Kibboutz, dans son abri blindé de quatre mètres carrés, pendant tout le conflit.

"Ca peut arriver à n'importe quel moment. C'était très traumatisant pour les enfants. (...) Ils disent que c'est quinze secondes, mais on a mesuré et c'est sept secondes  entre l'alerte rouge et quand ça tombe. C'est une sorte de pluie qui tombe doucement ", témoigne-t-elle.

"Ca n'arrête jamais", témoigne Danielle, retraitée, au micro de Sébastien Laugénie

"On a pas le temps de se cacher"

Au delà des roquettes, ce sont surtout les tunnels qui inquiétaient les kibboutz du Sud du Pays. Plusieurs tentatives d'incursion en Israël ont été déjouées et surtout la plupart des tunnels ont été détruits. Pour les habitants du Sud il faut aussi compter sur les dégâts psychologiques. A Yeruv, près de la frontière égyptienne, 30 à 40% des gens déclarents avoir des troubles psychologiques.  "Pendant toute la guerre, il y a eu des phsycologues pour aider la population. C'est très traumatisant pour un gosse de 3 à 4 enfants, c'est un enfant très nerveux. On a encore des enfants qui sont encore en traitement depuis la guerre de 2012 ", témoigne Orly, une habitante.

 

"Il y a eu des psychologues pour aider la population" - Orly, habitante de Yeruv, témoigne au micro de Sébastien Laugénie
Pour le moment, depuis maintenant une semaine, pas une roquette n'a été tirée depuis Gaza. Le cessez le feu tient. Mais tous les kibboutzniks interrogés restent très sceptiques. Comme Merav, comptable dans le kibboutz Ein Hashlosha.  Elle a fui pendant près de deux mois et n'est revenue que le week end dernier. "Cette guerre n'a pas changé grand chose. [Elle] n'a changé que la question de tunnels. (...) Le Hamas a encore des armes, des obus de mortiers, des petites roquettes faites à la main, ça peut tuer beaucoup de gens. On a pas d'alarme, on a pas le temps de se cacher, donc on est en danger ", raconte-t-elle.
"Cette guerre n'a pas changé grand chose" - Merav, comptable dans le kibboutz Ein Hashlosha, au micro de Sébastien Laugénie

"Je ne suis pas prête à sacrifier mes enfants pour ça"

Face aux obus de mortiers dont parle cette habitante, Israël n'a pour l'instant aucune solution technique. Le Dome de Fer n'a été conçu que pour les roquettes de moyenne et longue portée. On l'entend, ces habitants des kibboutz sont donc encore très inquiets, ils sont en demande de solutions sécuritaires. Mais ils sont aussi en demande de solution politique.

Ils attendent maintenant que de cette guerre sorte une nouvelle donne. Melanie est institutrice. Elle est allée manifester sous les fenêtres de Benjamin Netanyahou à Jerusalem. "Ca fait quatorze ans que ça continue cette histoire, et entre temps il n'y a rien. Il y en a marre il faut trouver une solution durable. (...) Ca fait des années qu'il y a la guerre, le silence, la guerre, le silence... et qu'on avance pas. Les colons n'ont rien à faire là bas. L'histoire de la terre d'Israël dans le temps de la Torah, ça fait 2.000 ans. En admettant que ce soit vrai, je ne suis pas prête à sacrifier mes enfants pour ça ", explique Mélanie.

"Ce qu'on veut, c'est une solution durable" - Mélanie, institutrice, témoigne au micro de Sébastien Laugénie
Pour l'instant la seule réponse du gouvernement est restée militaire. Le premier ministre doit annoncer la semaine prochaine un plan d'aide pour renforcer la sécurité des habitants du Sud.

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