Dans un discours, vendredi soir, le roi du Maroc Mohammed VI a présenté une réforme de la Constitution
Le projet, qui sera soumis à référendum le 1er juillet, vise à "consolider les piliers d'une monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale", a dit le roi.
Le 9 mars, Mohammed VI, 47 ans, avait promis des réformes politiques pour répondre aux attentes des jeunes manifestants du Mouvement du 20 février.
Loin d'avoir été apaisé par les annonces royales, ce mouvement appelle à des manifestations dimanche. Les jeunes du 20 février veulent mobiliser dans plusieurs villes du pays pour protester contre le projet de réforme constitutionnelle de Mohammed VI.
"Les coordinations nationales (du Mouvement) ont appelé à manifester dimanche pour une constitution véritablement démocratique et une monarchie parlementaire", a déclaré samedi à Najib Chaouki, l'un des membres de la section de Rabat du Mouvement.
"Le projet tel qu'il a été proposé par le roi hier (vendredi) ne répond pas à nos revendications pour une véritable séparation des pouvoirs. Nous protesterons pacifiquement dimanche contre ce projet", a-t-il ajouté.
Le nouveau texte constitutionnel présenté par le roi du Maroc suggère de réduire certains de ses pouvoirs politiques et religieux. Il élargit le champ de compétences du Parlement, tout en conservant au souverain d'importantes prérogatives politiques.
Le président français Nicolas Sarkozy a salué samedi "les évolutions institutionnelles majeures annoncées" par le roi Mohammed VI au peuple marocain, les qualifiant d'"avancées capitales", notamment pour "les libertés publiques" et "les droits individuels".
Rôle accru du premier ministre
Ce nouveau projet de réforme propose notamment un renforcement des pouvoirs du premier ministre.
Il "sera désigné au sein du parti arrivé en tête des élections de la Chambre des représentants" du Parlement marocain, a déclaré le souverain. Cette mesure va marquer "ainsi l'émergence d'un gouvernement issu du suffrage universel direct", selon lui. Jusqu'ici, ce dernier pouvait choisir le premier ministre de son choix.
Ce dernier s'appellera désormais "chef de gouvernement" et dirigera l'exécutif.
Le nouveau projet constitutionnel prévoit aussi de garantir l'indépendance de la justice vis-à-vis des pouvoirs législatif et exécutif.
Les domaines de compétence du Parlement sont également élargis. Ils comprennent notamment "l'amnistie générale" (article 71 du nouveau projet), qui est jusqu'à présent du seul ressort du monarque. Le roi pourra encore le dissoudre, mais seulement après avoir consulté un organe constitutionnel nouvellement créé et dont la moitié des membres seront nommés par le souverain.
Dans le même temps, le roi reste le chef des armées et dispose du pouvoir d'accréditer les ambassadeurs et les diplomates.
Le roi reste Commandeur des croyants
En matière religieuse, le souverain conservera son statut de "Commandeur des croyants et chef de l'Etat". Ce statut fait de lui la seule autorité religieuse du royaume, qui garantira "le libre exercice des cultes", a-t-il précisé.
Le texte prévoit également la suppression de la disposition qui évoque le caractère "sacré" de la personne du roi. Cette disposition a été remplacée par la phrase suivante: "L'intégrité de la personne du roi ne peut être violée". Cette nouvelle présentation est "différente par rapport à la précédente, car le terme sacré, surtout en arabe, a une forte connotation religieuse", commente le politologue Mohamed Darif.
"Cette nouvelle formule ne cherche pas à donner une dimension religieuse à la personne du roi mais elle met plutôt en exergue ses responsabilités politiques", ajoute-t-il.
Le journal arabophone Al Massae (indépendant, plus de 100.000 exemplaires vendus par jour) insiste sur le fait que la "nouvelle Constitution préserve le caractère islamique de l'Etat et protège la langue arabe".
La loi fondamentale doit par ailleurs désigner le berbère comme langue officielle à côté de l'arabe dans ce royaume de 32 millions d'habitants. Une grande partie de la population marocaine s'exprime dans l'un des trois dialectes de la langue amazighe, qui est défendue par la grande majorité de la société civile.
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