Cet article date de plus de quatorze ans.

Des chercheurs américains sont parvenus à créer une cellule bactérienne vivante dont le génome est synthétique

"Il s'agit de la création de la première cellule vivante synthétique, au sens où celle-ci est entièrement dérivée d'un chromosome synthétique", explique Craig Venter, créateur de l'institut du même nom et coauteur du premier séquençage du génome humain en 2000.Il qualifie cette découverte d'"étape importante scientifiquement et philosophiquement".
Article rédigé par France2.fr
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Deux cellules Mycoplasma mycoides - photo non datée par le laboratoire de Craig Venture (AFP J. Craig Venture Institute)

"Il s'agit de la création de la première cellule vivante synthétique, au sens où celle-ci est entièrement dérivée d'un chromosome synthétique", explique Craig Venter, créateur de l'institut du même nom et coauteur du premier séquençage du génome humain en 2000.

Il qualifie cette découverte d'"étape importante scientifiquement et philosophiquement".

"Ce chromosome (élément porteur de l'information génétique, NLR) a été produit à partir de quatre flacons de substances chimiques et d'un synthétiseur, et tout a commencé avec des informations dans un ordinateur". Cette percée "change ma vision de la définition de la vie et de son fonctionnement", ajoute ce chercheur, coauteur de ces travaux parus dans la revue américaine Science datée du 21 mai.

Comment ça marche ?
Le génome que Craig Venter et son équipe ont fabriqué est la copie d'un génome existant, celui de la bactérie mycoplasme mycoïde, mais avec des séquences d'ADN supplémentaires pour l'en distinguer. Ils ont ensuite transplanté ce génome synthétique dans une autre bactérie, appelée "microplasme capricolum", réussissant à "activer" les cellules de cette dernière.

"Si ces techniques peuvent être généralisées, la conception, la synthèse, l'assemblage et la transplantation de chromosomes synthétiques ne seront plus des obstacles aux progrès de la biologie synthétique", écrivent-ils dans un résumé de leur étude.

Applications possibles
A partir de ces techniques, les chercheurs vont tenter de concevoir des algues capables de capturer le dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre, et de produire de nouveaux carburants propres.Selon Craig Venter,

Des recherches sont aussi en cours notamment pour accélérer la production de vaccins, fabriquer de nouvelles substances chimiques, des ingrédients alimentaires et des bactéries capables de purifier l'eau.

Réactions: arme biologique ou Dieu ?
Le Vatican:
"Un très bon moteur mais ce n'est pas la vie", annonçait vendredi le quotidien du Vatican, l'Osservatore romano. Le journal confie ainsi au pédiatre Carlo Bellieni le soin de faire le premier commentaire officiel du Vatican. Il s'agit d'"un travail d'ingénierie génétique de haut niveau", mais, "en réalité, la vie n'a pas été créée, on en a substitué un des moteurs", écrit le médecin dans cet article.

ETC Group, organisme international privé de surveillance des technologies au Canada : Qualifiant de "boîte de Pandore" ces travaux, Pat Mooney, directeur de cet organisme, estime que "la biologie synthétique est un champ d'activité à haut risque mal compris, motivé par la quête du profit". "Nous savons que les formes de vie créées en laboratoire peuvent devenir des armes biologiques et menacer aussi la biodiversité naturelle", ajoute-t-il dans un communiqué.

Sur le même sujet: DOSSIER :

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.