Cet article date de plus de quatorze ans.

Des dizaines de milliers d'Argentins ont rendu hommage jeudi à Nestor Kirchner, mort la veille d'une crise cardiaque

Bouquets de roses et mots de condoléances ont été accrochés sur les grilles du palais présidentiel de Buenos Aires avant une veillée d'hommage de 24 heures.L'ancien chef de l'Etat argentin est mort jeudi d'une crise cardiaque à El Calafate (sud), à 60 ans. Mari de l'actuelle chef de l'Etat Cristina Kirchner, il avait été président de 2003 à 2007.
Article rédigé par France2.fr avec agences
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Nestor Kirchner dans les rues de Buenos Aires en 2004. (AFP/ALI BURAFI)

Bouquets de roses et mots de condoléances ont été accrochés sur les grilles du palais présidentiel de Buenos Aires avant une veillée d'hommage de 24 heures.

L'ancien chef de l'Etat argentin est mort jeudi d'une crise cardiaque à El Calafate (sud), à 60 ans. Mari de l'actuelle chef de l'Etat Cristina Kirchner, il avait été président de 2003 à 2007.

Le député, président du parti péroniste au pouvoir et secrétaire général de l'Union des nations d'Amérique du Sud (Unasur) avait été hospitalisé d'urgence dans son bastion d'El Calafate, en Patagonie, où il se reposait en famille. Il avait subi en septembre une opération pour lui déboucher une artère.

Président d'Argentine de 2003 à 2007
Nestor Kirchner
s'est imposé comme l'homme fort de l'Argentine sous sa présidence de 2003 à 2007, puis sous celle de sa femme Cristina Kirchner , qui lui a succédé depuis trois ans à la tête de l'Etat.

Né le 25 février 1950 à Rio Gallegos, dans la province de Santa Cruz (sud du pays), cet avocat de centre-gauche était pourtant méconnu lorsqu'il a remporté l'élection présidentielle de 2003, en bénéficiant du retrait de l'ex-président Carlos Menem (1989-1999), sûr de perdre au second tour.

Fils d'un père descendant d'immigrants suisses allemands (de la région d'Interlaken) et d'une mère chilienne d'origine croate, il avait alors fait valoir son bilan favorable à la tête de cette province riche en pétrole, située aux confins de la Patagonie, dont il a été gouverneur pendant 12 ans.

A la tête du pays, Nestor Kirchner a profité du boom des exportations agricoles pour redresser une économie ravagée par la pire crise de son histoire en 2001-2002.

Le renégociateur de la dette privée du pays
En 2005, il a aussi renégocié les trois-quarts de la dette privée du pays, qui avoisinait les 100 milliards de dollars, et soldé ses comptes avec le Fonds monétaire international (9,5 milliards de dollars), qu'il tenait pour responsable de la crise. "Nous enterrons une bonne partie de notre passé", avait alors déclaré M. Kirchner après avoir remboursé le FMI.

Un péroniste de longue date
Ce militant de longue date du parti péroniste, inquiété par le régime militaire (1976-1983), a aussi oeuvré pour l'annulation des lois d'amnistie et la réouverture des procès des dirigeants de la dictature, qui a laissé 30.000 disparus selon les organisations de défense des droits de l'homme.

"Notre pays avait tant besoin de cet homme qui a donné sa vie à son pays", a réagi Estela Carlotto, présidente de l'association des grands-mères de la place de Mai, qui recherche les enfants et petit-enfants de disparus, avec l'appui du gouvernement.

En dépit d'une popularité supérieure à 60%, cet homme colérique avait renoncé à se représenter en 2007 pour soutenir la candidature de son épouse depuis plus de 30 ans, Cristina Fernandez de Kirchner , avec qui il a eu deux enfants, Maximo (32 ans) et Florencia (19 ans).

Des accusations d'enrichissement personnel
Dans l'ombre, il a continué à jouer un rôle prépondérant, mais son influence a diminué au fil de conflits avec les agriculteurs, les médias ou la Cour suprême, et d'accusations d'enrichissement personnel, en raison de la hausse de plus de 700% du patrimoine du couple présidentiel depuis 2003.

Bien qu'élu député, M. Kirchner avait été très affaibli par la défaite de sa liste aux législatives de juin 2009 et la perte de la majorité de son parti au Congrès. Il avait rebondi en étant nommé secrétaire général de l'Union des nations sud-américaines (Unasur), grâce au soutien de plusieurs dirigeants de la région, dont le président vénézuélien Hugo Chavez, chef de file de la gauche radicale latino-américaine. Mais récemment, son dernier soutien, la Confédération générale du travail (CGT, péroniste), avait également été déstabilisée par l'assassinat d'un jeune militant trotskiste. On soupçonne des membres de la CGT d'avoir recruté des hooligans pour tuer ce militant.

Ses problèmes cardiaques à répétition depuis un an avaient aussi jeté un doute sur sa candidature à la présidentielle de 2011.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.