Des experts internationaux dénoncent les dérives du jargon
Un congrès s'est tenu à Washington pour évoquer la nécessité de simplifier le vocabulaire, notamment dans le cadre administratif.
"Avez-vous effectué les modifications requises concernant les profils à targetter dans l'interface référentielle ?" Si votre patron vous parle ainsi, peut-être abuse-t-il du jargon. Un petit fléau du quotidien, qui fait a fait l'objet d'un congrès à Washington,réunissant durant trois jours 150 personnes venues des Etats-Unis et d'une vingtaine de pays, dont la France. Il s'est achevé jeudi 24 mai.
A l'occasion de la quatrième rencontre de l'association Clarity International (Clarté internationale, en français) des avocats, responsables d'administrations ou d'entreprises, ont échangé leurs expériences pour s'attaquer au jargon administratif et autres mots compliqués qui se glissent dans les lois, les formulaires ou les notices.
Le jargon juridique : "un pur scandale"
"Comment peut-on avoir une démocratie quand le citoyen ne comprend pas ce que veut dire le gouvernement ?" a noté Annetta Cheek, présidente du Center for Plain langage (Centre pour une langue simple). Pour elle, il est évident que "la crise financière mondiale aurait été moins forte si les gens avaient compris les papiers qu'ils remplissaient [pour l'achat de leurs maisons]", a-t-elle fait valoir.
En France, ce sont les textes juridiques qui pèchent par leur complexité. "Les gens sont touchés tous les jours par des enjeux juridiques et la majorité des gens ne comprennent rien, c'est un pur scandale", souligne Olivia Zarcate, une juriste qui vient de fonder Imagidroit, une société de conseil en vulgarisation du droit. "Il faut rendre la loi plus accessible", demande-t-elle.
Des méthodes simples pour lutter contre le jargon
Les Etats-Unis ont adopté, en 2010, une loi incitant à la simplification du langage administratif. Le gouvernement suédois emploie quant à lui cinq linguistes et juristes pour traduire les lois en langue simple. Le Portugal a le même projet de "traduction" de son Journal officiel. Même la Banque centrale du Mexique a pris des cours en ce sens.
Et cela marche. "En reformulant simplement une demande de renseignement envoyée à ses deux millions d'adhérents, le ministère des Anciens combattants américain a économisé en un an 4 millions de dollars", a noté Joseph Kimble. Ce professeur de droit a compilé une série d'études dans ce domaine. "Le taux de réponse est passé de 45% à 65%, économisant coups de fil, relances, etc", a-t-il constaté.
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