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Des réfugiés syriens tentent de rejoindre l'Europe via le Mali

Une centaine de réfugiés syriens vit en ce moment à Bamako au Mali. Ce pays, l’un des plus pauvres d’Afrique, n’est pas leur destination finale. Ils ne sont qu’en transit, en attendant de pouvoir rejoindre l’Europe.
Article rédigé par David Baché
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Une famille syrienne de Bamako, qui espère régulariser sa situation et poursuivre son chemin vers l'occident ©Radio France/David Baché)

Ces réfugiés syriens de Bamako ont obtenu l’asile ou bénéficient d’autorisations temporaires de séjour. Des familles syriennes ont aussi été signalées dans le Nord, à la frontière algérienne.

Les réfugiés syriens fuient jusqu’au Mali - reportage à Bamako signé David Baché

Mohamed Jafar, 38ans, est originaire d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Il est arrivé à Bamako en 2010, tout seul, pour un travail. Lorsque la guerre a éclaté, il a commencé à faire venir ses proches, qui n’avaient pas d’autres choix explique-t-il : "Plus personne n’accepte de donner de visa ! L’Algérie n’accorde plus de visas aux Syriens, le Maroc non plus, pas plus que l’Arabie Saoudite ou le Koweït. Le Mali accorde les visas ".

Continuer vers l'Europe

D’abord passées par la Turquie, ces familles syriennes ont pris l’avion pour la Mauritanie, qui n’exigeait pas de visa. Puis direction le Mali, où une vingtaine d’entre eux a obtenu le statut de réfugié, selon le HCR. Les autres, une soixantaine, attendent toujours la réponse des autorités maliennes. Mais tous veulent en fait continuer leur chemin.

  (Un migrant syrien de Bamako montrant son autorisation provisoire de séjour au Mali ©Radio France/David Baché)

Comme Abdelhamid Dahir, 57 ans, originaire d’Idlib lui aussi, et dont la famille s’est éparpillée il y a deux ans, dit-il, après un bombardement. Arrivé au Mali il y a sept mois, il veut retrouver les siens : "Ma famille est en Allemagne, à Dortmund. J’ai besoin d’un papier de l’ambassade d’Allemagne à Bamako pour aller là-bas, je l’attends. J’ai perdu un fils en Syrie et un autre de mes fils a perdu son pied. Je suis fatigué ."

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Pour survivre, les hommes déchargent des camions ou trouvent des petits boulots de gardien. Mais c’est insuffisant, explique Mohamed Jafar : "Il n’y a pas de maison, pas de travail, pas d’école pour les enfants qui sont malades, ça ne va pas, ça ne va pas… "

Comme s’ils avaient besoin d’une difficulté supplémentaire, ces Syriens du Mali se trouvent dans une impasse administrative : leurs passeports sont périmés, et ils n’ont aucun moyen de les renouveler.

"Des balles de ping-pong humaines que les Etats se renvoient"

Pour le chercheur en sciences politiques et spécialiste des flux migratoires François Gemenne, ces réfugiés syriens ont une chance de rejoindre l’Allemagne un jour. Ils peuvent "remonter et traverser le Sahara et qu’ils arrivent au Maroc ou en Algérie, et que de là ils embarquent dans de petits bateaux ".

Pour le chercheur, que des Syriens soient contraints de passer par le Mali pour rejoindre l’Europe "montre notre incapacité à délivrer des visas humanitaires ". Les réfugiés sont pour lui "devenus des balles de ping-pong humaines que les Etats se renvoient les uns aux autres. Ils sont donc forcés de trouver des chemins d’exil tout à fait improbables qui sont ceux que leurs permettent les visas ".

Pour l’illustrer, François Gemenne évoque les cas semblables de réfugiés qui tentent de rejoindre l’Europe par le cercle polaire : "ils passent par la Russie pour essayer de rejoindre la Finlande, ce sont les seuls endroits par lesquels ils peuvent passer sans se risquer sur de petits bateaux au péril de leur vie ."

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