Disparition du sous-marin près du "Titanic" : des experts s'inquiètaient de "l'approche expérimentale" d'OceanGate depuis des années
Le temps passe, l'oxygène baisse. Mais il y a un espoir : un sonar a capté des "bruits sous l'eau" pendant les opérations de recherche, dans l'Atlantique nord, du sous-marin disparu avec cinq personnes à bord près de l'épave du Titanic, ont confirmé mercredi les garde-côtes américains.
"Des avions P-3 canadiens ont détecté des bruits sous l'eau dans la zone de recherche. En conséquence, les opérations ROV (véhicule télécommandé, NDLR) ont été déplacées pour tenter d'explorer l'origine des bruits", a annoncé le premier district des garde-côtes américains sur son compte Twitter officiel. Les recherches par ROV "ont donné des résultats négatifs, mais se poursuivent", a-t-il ajouté.
Une zone de 20 000 km²
Outre ces bruits de coups, "des signaux acoustiques supplémentaires ont été entendus et aideront à orienter les moyens de surface tout en maintenant l'espoir de retrouver des survivants", a pour sa part affirmé la chaîne CNN, citant un document interne du gouvernement des Etats-Unis.
Reste que cette opération hors norme est très complexe : si les passagers du "Titan" seront à court d'air respirable jeudi 22 juin à 12h, heure de Paris, la zone de recherches, elle, est énorme. Elle s'étend sur une superficie de près de 20 000 kilomètres carrés, une zone grande comme deux fois l'Île-de-France et avec plusieurs navires et avions. Sans compter que l'épave du Titanic vers laquelle se dirigeait le Titan se trouve à près de 4 000 mètres de profondeur. La France a d'ailleurs dérouté sur zone l'Atalante, le bateau d'exploration de l'Ifremer. Il est équipé d'un robot capable d'évoluer dans les grandes profondeurs.
Depuis la perte de contact moins de deux heures après son départ dimanche, certaines voix s'élèvent sur les pratiques touristiques de cette société américaine, OceanGate Expeditions, qui a conçu le Titan, conçu pour emmener cinq personnes dans les abysses, long d'environ 6,5 mètres.
L'approche "expérimentale" d'OceanGate dénoncée
Océanographes, explorateurs, dirigeants d'autres sociétés de submersibles ... Dès 2018, ils étaient plus de 30 à signer et à adresser une lettre au directeur général de l'entreprise. Les signataires font part de leur inquiétude unanime face à ce qu'il nomme "l'approche expérimentale d'OceanGate".
Le courrier que s'est procuré le New York Times alerte sur d'éventuels problèmes catastrophiques, si le Titan voit le jour et commence ses plongées vers l'épave du Titanic sans respecter les normes de sécurité existantes pour la classification des engins sous-marins, c'est-à-dire sans des tests du prototype sous la surveillance d'un bureau accrédité.
Les mots sont forts : le texte parle de "commercialisation trompeuse", si le processus de validation par un tiers n'a pas lieu. La réponse est à l'avenant : le patron de l'entreprise, Stockton Rush, explique que mettre une entité extérieure au courant de chaque innovation, avant qu'elle ne soit testée, est un obstacle à l'innovation.
Il est aujourd'hui l'un des cinq hommes à bord de son sous-marin qui ne répond plus, aux côtés du richissime homme d'affaires britannique, Hamish Harding, 58 ans, qui avait annoncé sur Instagram sa participation à cette excursion scientifique de l'extrême, hors du commun et chargée d'histoire et l'ancien plongeur et ex-officier de marine français Paul-Henri Nargeolet, 77 ans, spécialiste de l'épave du Titanic. Également à bord pour cette plongée à 250 000 dollars la place, le magnat pakistanais Shahzada Dawood, 48 ans et vice-président du conglomérat Engro, embarqué avec son fils Suleman, 19 ans, selon la famille de cette grande fortune.
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