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Egypte : Moubarak sera placé en résidence surveillée s'il est libéré

La justice a accepté mercredi la libération conditionnelle d'Hosni Moubarak dans une affaire de corruption. L'ex-président pourrait sortir de prison jeudi. L'armée égyptienne a ordonné qu'il soit placé en résidence surveillée. Son procès en appel pour complicité de meurtres lors de la révolution se poursuit lui, mais la période maximum de détention préventive est arrivée à son terme.
Article rédigé par Sylvie Johnsson
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Un tribunal égyptien a accepté mercredi la demande de libération conditionnelle d'Hosni Moubarak dans une affaire de corruption. Ce jugement concerne un chef d'enrichissement illicite sous forme de cadeaux offerts par le principal organe de presse étatique, Al-Ahram. Mais l'ancien président a remboursé la somme qu'il était accusé d'avoir perçu, 1,5 million d'euros, ce qui annule les poursuites. Cette affaire le maintenait jusqu'alors derrière les barreaux. Le Parquet a décidé de ne pas faire appel de la décision.

Assigné à résidence à sa sortie de prison

Selon la procédure judiciaire, il pourrait être libéré jeudi, sauf si un nouveau chef d'inculpation était retenu contre lui. Mercredi soir, l'armée égyptienne a ordonné qu'il soit dans ce cas placé en résidence surveillée dans l'attente du verdict de son procès pour meurtres et corruption. 

Car Hosni Moubarak, 85 ans, est poursuivi dans plusieurs autres affaires. Une d'entre elles a été classée lundi. Une autre concerne le meurtre de manifestants. L'ancien président a été condamné à la prison à vie en juin 2012 pour complicité de meurtre lors de la révolution. Or ce jugement a été cassé. Un nouveau procès doit être organisé. Mais en attendant, l'ancien Raïs a déjà purgé la détention provisoire maximum pour ce type d'affaires (2 ans).

Contexte tendu

La décision de la justice égyptienne intervient alors que le pays est en plein chaos, déchiré entre les pro et anti Morsi, le président déchu issu des Frères Musulmans. L'armée a réprimé dans le sang le soulèvement des partisans des islamistes. Près de mille personnes onty été tuées.

La réaction de la population à la libération de Moubarak pourrait être vive dans les jours qui viennent, alors que le vendredi, jour de prière, est un moment à risque dans tout le pays. Par ailleurs, dimanche commence le procès de Mohamed Badie, le guide suprême de la confrérie inculpé en juillet d'incitation à la violence et au meurtre.

Enfin, les forces de sécurité ont arrêté d'autres figures islamistes :
Mourad Ali, le porte-parole du Parti de la Liberté et la Justice, vitrine politique des Frères musulmans qui avait remporté les premières législatives et présidentielle libres du pays, et Safwat Hegazy, un influent prédicateur islamiste, fervent soutien de M. Morsi.

L'armée renvoie l'ascenseur à Moubarak

Interrogé sur France Info, Hasni Abidi, directeur du Centre d'étude et de recherches sur le monde arabe à Genève n'est pas surpris. Pour lui "l'armée a renvoyé l'ascenseur à un homme qui a  accepté de se démettre pour sauver l'institution militaire ". Selon Hasni Abidi, "l'armée va tout faire pour le sortir de prison, pour le réhabiliter ". "C'est une mauvaise nouvelle pour les Frères musulmans et pour tous les démocrates ", ajoute encore le chercheur. 

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