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Egypte : une économie sinistrée, l'autre raison de la révolte

Emploi, inflation, dette.... Depuis leur arrivée au pouvoir, les Frères musulmans ont été incapables de redresser l'économie égyptienne.

Article rédigé par Simon Gourmellet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une file d'attente devant une station service de Toukh, à 25 km au nord du Caire (Egypte), le 12 mars 2013.  (AMR DALSH / REUTERS)

Si autant d'Egyptiens ont tourné le dos au président Morsi mercredi 3 juillet, ce n'est pas que pour se débarrasser des Frères musulmans. C'est aussi pour dénoncer la dégradation économique du pays. Chômage, inflation, endettement... Depuis 2011 et le renversement de Moubarak, tous les indicateurs sont au rouge. Francetv info revient sur cette autre raison de la colère des Egyptiens.

Des prix qui flambent

Des files d'attentes interminables pour quelques litres d'essence, et des stations qui prétendent être à sec pour faire grimper les prix. Bienvenue dans le quotidien des Egyptiens. En quelques mois, l'inflation a atteint des sommets, passant de 4,25% en novembre 2012 à 8,21% en février 2013. Sur les produits de première nécessité comme la viande ou les produits laitiers, la hausse a dépassé les 10%. "Les femmes qui manifestent aujourd'hui se révoltent sans doute moins contre les religieux, qui veulent leur imposer la charia, que contre la hausse des prix, car avant tout, ce sont elles qui font les courses", estime Sophie Pommier, spécialiste de l'Egypte et directrice de la société Méroé, interrogée par La Tribune.

Dans le même temps, le gouvernement Morsi a levé certaines subventions sur l'électricité et le gaz, favorisant l'explosion sociale, note Le Figaro. Pour ne rien arranger, la population subit des coupures quotidiennes d'eau ou d'électricité, comme le rapportait francetv info

Un secteur touristique en panne

C'était le principal levier de croissance et il est aujourd'hui grippé. Les violences à répétition en Egypte ont fait fuir les touristes. Ainsi, les pyramides n'accueillent plus que quelque 800 visiteurs par jour contre 4 000 avant la chute du président Hosni Moubarak, comme l'explique ce reportage de francetv info. Or, ce secteur représente 11,3% du PIB et fait vivre directement pas moins de 12% de la population.

Et ce n'est pas cette nouvelle révolution, au début de la saison estivale, qui va améliorer les choses. Déjà, les voyagistes commencent à retirer la destination de leur catalogue, selon Le Figaro

Un taux de chômage qui atteint des sommets

Conséquence directe de ce ralentissement de l'économie égyptienne, le chômage touche aujourd'hui près de 13,2 % de la population, un record selon Bloomberg, contre 12% fin 2011 et 9% fin 2010. Et les perspectives de trouver un travail sont faibles pour près de 900 000 jeunes qui arrivent sur le marché de l'emploi chaque année, ajoutent Les Echos.

Un pays sous perfusion

En deux ans, les Frères musulmans se sont révélés être de bien mauvais gestionnaires. Avec un taux de croissance au lendemain de la révolution de 2011 à 1,8% contre 5,1% l'année précédente, ils partaient certes de loin. Mais ils n'ont pas su remonter la pente, avec des taux de croissance de 2,2% en 2011-2012, détaille cette analyse du Trésor Public français. Pour relancer l'activité, le gouvernement a tendu la main aux investisseurs étrangers. Incapable de les rassurer, l'Egypte a laissé filer les dollars : de 5 milliards (près de 3,9 milliards d'euros) en 2000, les investissements sont tombés à 1,8 milliard (1,4 milliards d'euros) en 2012, note BFM TV.

Avec une économie à l'arrêt, et un déficit frôlant les 11%, seule une aide étrangère massive peut lui permettre de rester à flot. "Entre l'aide des pays arabes, celle du FMI, puis celle à venir de l'Union européenne, on va se retrouver d'ici peu avec une dette extérieure de 64 milliards de dollars ! En un an, nous en aurons doublé le montant, c'est un désastre", explique au Monde Waël Gamal, économiste et éditorialiste au quotidien égyptien Al-Shurouq

Depuis plusieurs mois, le Fonds monétaire international (FMI) et l'Egypte s'étaient engagés dans des discussions autour d'un plan d'aide de 4,8 milliards de dollars. Mais sa conclusion a été retardée par l'instabilité politique et par la difficile élaboration du programme économique du gouvernement Morsi. Après son renversement, ce prêt risque une nouvelle fois d'être repoussé.

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