En Grèce, la mort d'un étudiant devient un symbole de la lutte contre l'austerité
Sa mort a déjà fait des vagues en Grèce. Ils sont nombreux à y voir le symbole d'une population écrasée par le chômage, la pauvreté et un trop plein d'austerité.
Mort pour 1,20 euros
Mardi, le jeune étudiant grec Thanassis Kanouatis se blesse mortellement à la tête, en tombant d'un bus qui traversait un quartier d'Athènes.
Si les procureurs grecs n'ont pas encore établi les raisons du décès, pour l'opposition politique, elles ne font aucun doute : "Kanouatis est mort parce qu'il n'avait pas de ticket, qui coûte 1,20 euros ". C'est ce qu'a déclaré le parti de gauche, Syriza, dans un communiqué.
"Cela met en lumière, de la manière la plus tragique, la situation désespérée dans laquelle le plan de sauvetage a plongé la majeure partie de la société grecque" (Syriza)
D'après des témoins, l'étudiant se serait battu avec le contrôleur. Les avocats de la famille affirment qu'il a pu être poussé hors du véhicule durant l'altercation. La compagnie de transports a une différente version : Thanassis Kanouatis aurait actionné le système de freinage d'urgence pour sauter du bus.
Un symbole de la détresse grecque
Rapidement, l'opposition a fait le lien avec la situation des transports publics grecs. En effet, depuis quelques mois, les contrôles se sont intensifiés. Des mesures visant à réduire les déficits et à augmenter les recettes des compagnies de transports publics.
Les blogueurs et les médias dénoncent aussi les primes reçues par les contrôleurs, qui touchent la moitié de l'amende (qui s'élève à 72 euros) sous forme de commissions.
Résultat, ne pas acheter son ticket devient un signe de protestation à la cure d'austerité à laquelle est poussée le pays, et un symbole de résistance face aux mesures imposées de la "troïka ".
Funérailles : des manifestants réprimés
Les funérailles de Thanatiss Kanouatis ont eu lieu ce vendredi soir. Un millier de jeunes grecs s'est déplacé, afin de commémorer sa mort et de protester contre les mesures drastiques du gouvernement en place. La marche a eu lieu dans le quartier de Peristeri, là où le jeune homme a été mortellement blessé, alors qu'une manifestation y avait déjà eu lieu hier.
Cette manifestation prônant la désobéissance civile a été durement réprimée. Les protestants ont entonné des chants anti-gouvernement ("Je ne paierai pas ! "), ont mis le feu à des poubelles et ont jeté des pierres aux policiers. Ces derniers ont répondu en lançant des grenades et du gaz au poivre.
Quatre personnes ont été embarquées par la police. Aucune blessure n'est à déplorer. La police a décidé de suspendre temporairement les lignes de bus dans le quartier de Peristeri, de peur que d'autres bus soient attaqués, et a fermé deux stations de métro.
Plus tôt dans l'après-midi, des manifestants avaient en effet arrêté un bus pour écrire "Meurtriers" sur les vitres. En réaction, le porte-parole du gouvernement, Simos Kedikoglu, a indiqué que la mort du jeune étudiant grec serait soumise à une enquête. Il a également demandé au parti d'opposition Syriza à ne pas s'engager dans le populisme.
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