Alors que les violences se multiplient en Haïti, l'UE prépare l'envoi d'un corps d'au moins 140 gendarmes
Cette force viserait au maintien de l'ordre et à une meilleure distribution des vivres, a annoncé lundi la présidence espagnole de l'UE.
"Les incidents violents et les pillages sont en hausse alors que monte le désespoir" parmi les survivants affamés et assoiffés du violent séisme qui a frappé Haïti le 12 janvier, avertit le CICR.
L'ONU a fait une demande préliminaire de renforts de gendarmes aux pays de l'UE concernant "140 ou 150 personnes", a déclaré le chef de la diplomatie espagnole Miguel Angel Moratinos, à l'issue d'une réunion des ministres européens de l'aide au développement à Bruxelles. Ces hommes et femmes seraient prélevés sur la Force de gendarmerie européenne, créée en 2004 et à laquelle participent la France, l'Italie, l'Espagne, les Pays-Bas et le Portugal.
La presse a fait état, lundi, d'une recrudescence des pillages, mais aussi des cas de lynchages purs et simples de pilleurs présumés, parfois tués par balles, parfois immolés, par une population à bout de nerfs, face à une absence totale de l'Etat et à l'acheminement jugé trop laborieux de l'aide humanitaire.
"La population de Port-au-Prince lutte maintenant pour simplement survivre. Les nerfs sont en train de craquer alors que les survivants affamés et assoiffés réalisent l'étendue de leurs pertes", a constaté le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans un communiqué. "Les gens deviennent plus agressifs car ils ont besoin d'eau et de nourriture", a expliqué au CICR Sherley, une rescapée de 29 ans citée par l'AFP.
Le CICR "redouble ses efforts et touche des milliers de sinistrés pour leur procurer de la nourriture, de l'eau et des médicaments", souligne l'organisation humanitaire basée à Genève. A Port-au-Prince, "l'accès à des abris, à l'eau potable, aux sanitaires, aux soins médicaux reste extrêmement limité", selon le chef de la délégation du CICR en Haïti Riccardo Conti. "Même si la présence des agences d'aide humanitaire commence à produire des effets dans les hôpitaux et les cliniques, beaucoup de centres de soins de Port-au-Prince manquent toujours de personnel et de médicaments et la tâche que doivent affronter les organisations humanitaires est écrasante."
"A Delmas (quartier du nord-est de Port-au-Prince), où je vis, il y a du pillage", a aussi témoigné auprès du CICR Verlène, secrétaire de 31 ans. "La nuit, nous nous barricadons. Les habitants ont des armes et s'en servent."
Vers des renforts de Casques bleus ?
Le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon a demandé lundi au Conseil de sécurité l'envoi de 3.500 Casques bleus de plus en Haïti afin de renforcer la Mission de l'ONU dans ce pays (Minustah), qui dispose déjà de quelque 11.000 hommes. "J'ai recommandé au Conseil de sécurité d'augmenter le nombre de policiers à 1.500, et le nombre de militaires à 2000 pour une période de six mois."
La France comptait proposer l'envoi d'un millier d'hommes de la Force de gendarmerie européenne, a indiqué le secrétaire d'Etat à la Coopération Alain Joyandet. Cette force, créée en 2004, regroupe des forces de cinq pays (France, Italie, Espagne, Portugal, Pays-Bas). L'UE s'est contentée lundi de n'en proposer que 140 ou 150. Actuellement, 145 gendarmes français sont déployés à Haïti pour la protection de l'ambassade de France à Port-au-Prince, celle des secouristes français et des convois des Français rapatriés vers l'aéroport de la capitale haïtienne.
Londres s'est interrogé sur l'intérêt d'envoyer en plus une force européenne, sachant que les Etats-Unis devaient déployer quelque 12.500 soldats lundi.
Dimanche matin, des policiers haïtiens ont tué au moins un pillard sur un marché de Port-au-Prince. Des pillards étaient en train de s'emparer de marchandises au marché Hyppolite lorsque l'un d'entre eux, un homme d'une trentaine d'années a été touché d'une balle dans la tête lors d'un affrontement avec les policiers. Lors de cet incident, un autre pillard s'est emparé du sac à dos de la victime. Des renforts de police sont arrivés sur place armés de fusils à pompe et de fusils d'assaut.
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